Les militaires et les chefs de la contestation dans le pays reprennent, ce 20 mai dans la soirée, les négociations-marathon entamées la veille sur la composition d'un futur Conseil souverain de transition.
Les discussions ont démarré dimanche vers 21h 00 au palais présidentiel et se sont poursuivies toute la nuit jusqu'aux premières heures de la journée de lundi. Selon le général Chamseddine Kabbachi, porte-parole du Conseil militaire de transition, elles reprendront aujourd'jui à 21h 00 « avec l'espoir d'arriver à un accord définitif ».
« Nous ne sommes pas pressés pour une victoire cruciale », avait indiqué à l'aube sur Twitter l'Association des professionnels soudanais, pilier du mouvement de protestation. « Quelle que soit l'issue des négociations, il s'agit d'un pas en avant », avait-elle assuré, ajoutant qu'elles portaient sur « l'autorité de transition ».
Les leaders de la contestation veulent à tout prix qu'un civil dirige cette future institution clé, après un appel pressant de la communauté internationale à ce que les négociations débouchent sur une transition « vraiment dirigée par les civils ».
Fer de lance de la contestation, l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC) avait indiqué dimanche que les négociations se focaliseraient sur la répartition, entre armée et contestation, des sièges du Conseil souverain ainsi que sur son futur chef. Les généraux insistent pour y obtenir une majorité de sièges tandis que les leaders de la contestation veulent limiter la présence des militaires et placer un des leurs à sa tête.
Barricades démantelées
Militaires et protestataires s'étaient entendus sur plusieurs points avant la suspension des négociations : la durée de la période de transition - trois ans - et la création d'un parlement composé de trois cents personnes, dont les deux tiers seraient issus de l'ALC.
Les négociations avaient été suspendues, le 15 mai, par le Conseil militaire dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhane, qui a pris le pouvoir après la destitution et l'arrestation, le 11 avril, du président Omar el-Béchir. Les militaires réclamaient la levée des barricades installées par des manifestants à Khartoum.
Depuis le 6 avril, des milliers de Soudanais campent devant le QG de l'armée, dans la capitale soudanaise, pour demander le transfert du pouvoir à une administration civile. Le 17 mai, des manifestants ont démantelé plusieurs de ces barricades.
Les progrès dans les discussions ont toutefois été précédés par une première poussée de violence au cours de laquelle six personnes -cinq manifestants et un militaire- ont été tuées lundi dernier.
Avant la reprise des négociations et pour la première fois depuis la destitution de Omar el-Béchir, des centaines d'islamistes ont manifesté samedi devant le palais présidentiel. Ils ont rejeté toute future administration civile qui n'utiliserait pas la charia comme source de la législation.
La loi islamique est appliquée au Soudan depuis le coup d'Etat de d'Omar el- Béchir, soutenu par les islamistes, en 1989, ce qui a entraîné, selon les défenseurs des droits humains, des abus comme la flagellation de femmes pour « comportement indécent ».
Selon Al-Tayeb Moustafa, à la tête d'une coalition de vingt mouvements islamistes, « la principale raison de cette mobilisation réside dans le fait que l'ALC ignore l'application de la charia dans le cadre de l'accord » négocié avec les militaires. L'ALC n'a pour le moment pas exprimé sa position sur la charia, affirmant que la priorité était d'instaurer une administration civile.