Sous l’effet de leur rencontre avec le pape François au Vatican, le président sud-soudanais a renouvelé un appel à son ancien vice-président à revenir à Juba et à devenir un partenaire pour la paix.
"Je lui ai complètement pardonné et tout ce que je lui demande c'est de devenir un partenaire pour la paix, car il n'est plus mon adversaire." C’est en ces termes empreints de rédemption que Salva Kiir a lancé un nouvel appel à Riek Machar.
L'influence du pape François y est pour beaucoup. Dans un discours prononcé lors de l’ouverture de la session parlementaire, le président Kiir a vanté l’influence bénéfique du pape François et promis d’œuvrer à la paix conclue à Addis-Abeba, en septembre 2018.
Un accord qui avait permis de mettre un terme à la guerre civile débutée en 2013 et prévoyait en principe la formation d’un gouvernement transitoire d’union nationale au 12 mai. "Dans l'esprit de cet accord (de paix) et de notre expérience à Rome, je réitère mon invitation à Riek Machar à rentrer à la maison", a ajouté le chef de l'Etat. "Nous avons besoin de lui", a-t-il martelé.
Salva Kiir est également revenu sur le geste du pape François, qui s'était agenouillé pour embrasser les pieds des deux belligérants lors d'une retraite spirituelle à laquelle il avait invité les deux hommes au Vatican. "Pour être honnête, j'étais bouleversé et je tremblais, mais je savais aussi au fond de moi que sa Sainteté faisait ça pour montrer l'humilité du Christ. II nous disait d'être humbles et d'être de bons servants du peuple", a-t-il rappelé. "L'acte d'humilité du pape François est à la fois une bénédiction et une malédiction pour nous tous. Une bénédiction, si nous entendons son appel à la paix, et une malédiction si nous jouons avec la vie de notre peuple", a laissé entendre le président sud-soudanais, poursuivant: "Notre pays est à la croisée des chemins : embrasser et consolider la paix ou s'enfoncer à nouveau dans la guerre. Je me bats pour la paix et la stabilité et je rejette complètement la guerre".
Salva Kiir a promis que son gouvernement utilisera toutes les ressources à sa disposition dans le but de consolider la paix et la stabilité du pays. Mais Riek Machar, chef rebelle, qui doit récupérer son poste de vice-président, s’inquiète des conditions de sécurité pour son retour dans la capitale sud-soudanaise. Il a obtenu début mai un délai de six mois supplémentaires pour former le gouvernement de transition.
Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013, lorsque le président Kiir a accusé Riek Machar, son ancien vice-président, de fomenter un coup d'Etat. Le conflit, marqué par des atrocités et le recours quasi systématique au viol comme arme de guerre, a fait plus de trois cent quatre-vingt mille morts, selon une étude récente, et poussé plus de quatre millions de Sud-Soudanais, soit près d'un tiers de la population, à quitter leur foyer.