La manifestation de deux jours à Bamako contre l’installation de la base militaire de la force conjointe antidjihadiste s’achève ce 23 mai, a-t-on appris.
Selon des témoins, les manifestants ont barré la route menant au quartier (QG) situé au pied d’une colline et installé une habitation de fortune devant l’entrée. Pour Mariam Keïta, représentante des femmes de militaires maliens et l’une des organisatrices du sit-in, la protestation ne finira pas tant que le QG de la force régionale reste à Bamako. « Nous ne voulons pas du G5 ici. Leur objectif est de lutter contre les terroristes. Ils n’ont qu’à prendre la direction du nord du Mali, et non venir rester à Bamako », a-t-elle déclaré. « Il faut que les militaires du G5 partent au front. Ils ne doivent pas rester ici », a affirmé de son côté Maïmouna Kanté, veuve d’un militaire tué dans le nord du Mali.
Plusieurs manifestants disent craindre que la présence du QG de la force du G5 Sahel n’y attire des attentats, comme celui de Sévaré en juin. « Ici nous ne sommes que des civils. Et s’il y a des attentats, les victimes seront des civils », a indiqué, par exemple, Ousmane Traoré, responsable d’une association de jeunes du quartier co-organisatrice du rassemblement.
Le QG de la force de cinq mille hommes lancée en 2017 par le G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) à Sévaré, dans le centre du Mali, avait été frappé le 29 juin par une attaque terroriste, contraignant son commandement à le déménager à Badalabougou, un quartier de Bamako. Ce qui ne surprend guère puisque le dernier rapport du secrétaire général de l’ONU, rendu public le 6 mai, fait état de la signature d’un accord avec les autorités maliennes « par lequel un siège provisoire a été mis à la disposition de la force conjointe au mess des officiers à Badalabougou ».
« Au 18 mars, 75 % des membres des contingents étaient déployés », selon Antonio Guterres, qui a ajouté que « des contributions d’un montant d’environ quatre cent trente millions d’euros ont été annoncées à l’appui de la force conjointe ». Le budget de la force conjointe a été bouclé lors de réunions de donateurs internationaux, mais les fonds tardent toujours à arriver et empruntent des canaux multiples, à la fois multilatéraux et bilatéraux.
Le G5 Sahel a été créé en 2014 à Nouakchott où est basé son secrétariat. En deux ans, la force conjointe a mené une série d’opérations, sans réel impact sur le terrain, où elle n’a pas encore croisé le fer avec les djihadistes. Mais elle fait face à la dégradation de la situation dans le centre du Mali, limitrophe du Burkina Faso et du Niger gagnés à leur tour par les violences terroristes, souvent mêlées à des conflits intercommunautaires. Ce qui l’a amené en 2017 à réactiver son projet de force régionale, initialement lancé en 2015, notamment avec l’appui de la France.