Ils sont falasha (juifs éthiopiens- leur filiation remonte au roi Salomon et à la reine de Saba), Lembas du Zimbabwe, Igbo du Nigeria, Abayudaya d’Ouganda, Tutsis du Rwanda ou du Burundi, etc., se réclamant Juifs par leur origine ou par conversion, ou par identification au peuple de la bible et, par ailleurs, Africains.
Ils revendiquent tous leur judaïté et observent des rituels très proches du judaïsme et vivant au sud du Sahara. La chercheuse Edith Bruder a recensé une dizaine de groupe ou d’ethnies qui se revendiquent comme juifs. Selon l’analyse ADN de leur patrimoine génétique, ils seraient d’ascendance non africaine en lignée paternelle, donc probablement des sémites venus d’ailleurs et ayant épousé des Africaines. A en croire le Pr Mathiha, président de la Lemba cultural organisation, leur origine remonte en l’an 600 de notre ère. Il s’agit d’une tribu juive venue de Sanaa, la capitale du Yemen. En effet, Hébreux et marchands arabes judaïsés ont émigré vers les côtes d’Afrique de l’est pour des raisons commerciales ou pour échapper aux persécutions.
Le mythe d’Ophyr, relaté dans l’ancien testament, situait déjà les mines d’or du roi Salomon sur les côtes orientales africaines, dans l’actuelle Zimbabwe. Au-delà de l’Afrique de l’est, on retrouve des juifs en Afrique de l’ouest. Dans les années 1980, un groupe de musulmans a fondé le mouvement Zakhor (qui veut dire Souvenir en hébreu) et s’est autoproclamé juif à Tombouctou, au Mali. Déjà, Théodore Monod a été frappé par un faisceau d’éléments concordants, sur l’existence de traces d’une présence juive sur les routes caravanières transsahariens, notamment dans la région de Tombouctou jusqu’au XIVe siècle. On se fonde du symbole de l’étoile de David au sceau de Salomon placé au-dessus d’une porte à Ouadane (Mauritanie), ou d'une pierre de Ghormali (Mauritanie), gravée en hébreu.
Les Tutsis du Rwanda et du Burundi affirment également descendre des Hébreux. Leur apparence physique et le génocide subi auraient renforcé cette identification aux Juifs. Une revendication qui est loin de convaincre historiens et spécialistes.
Edith Bruder observe que "ces communautés, […] récitent les prières rabbiniques traditionnelles, pratiquent la circoncision, les interdictions alimentaires et les rites quotidiens." Et " à l’occasion du shabbat, ils lisent la Torah et chantent une version de leur cru du Shema Israel où se mêlent l’hébreu, l’anglais et le shona."
Toujours selon Edith Bruder, "le judaïsme syncrétique, pratiqué par ses membres, associe la théologie du judaïsme à celle du christianisme, dans la veine…’’
Dans le récit fondateur de la royauté éthiopienne, le Kebra Naast (ou Gloire des rois), qui remonte au XIVe siècle, relate la conversion au judaïsme de la reine de Saba qui, de retour dans son pays, donna naissance à Ménélik 1er, fils de Salomon et fondateur de la lignée royale éthiopienne, dont l’éducation fut assurée par des religieux dépêchés par son père. Et lorsque Ménélik devint "roi des rois", il fonda la dynastie salomonique qui régna sur le pays durant trois mille ans. Le judaïsme fut instauré comme religion de la famille royale et de l’aristocratie d’Ethiopie jusqu’à leur conversion au christianisme au début de l’ère chrétienne. Il n’aurait persisté par la suite que dans la communauté des Falasha.