Le texte d'International crisis group (ICG), rendu public le 28 mai, fait la proposition aux autorités maliennes en raison de la poursuite des violences meurtrières dans le centre du pays qui demeurent sans perspective de solution militaire.
Face aux attaques perpétrées sur le territoire malien, l’ICG préconise non pas un arrêt des opérations contre le groupe du prédicateur radical peul Amadou Koufa, apparu en 2015 dans cette région, mais « un changement de cap ». Il s’agit notamment de combiner pression militaire, dialogue et désarmement pour amener ses chefs à la table des négociations.
Le rapport rappelle les précédents contacts, engagés par la société civile, des organisations humanitaires ou des religieux musulmans et note qu’ils « ont révélé un certain degré de pragmatisme » au sein du groupe d’Amadou Koufa. Pour ce faire, l’ICG suggère aux autorités maliennes de « mandater des chefs religieux » pour tenter d’entrer en communication avec les dirigeants du groupe, tout en recherchant « un dialogue plus large avec les Maliens du centre, y compris ceux favorables à la rébellion ».
En attendant de connaître la position du régime sur le sujet, des analystes pensent que l’idée de discuter avec les djihadistes risque de se heurter à de nombreux obstacles, comme le rejet de certaines élites maliennes et des puissances étrangères présentes militairement, comme la France. Ils avancent que la proposition faite par l’ICG pourra ne pas être prise en considération au nom du caractère laïc de l’Etat ou pour ne pas légitimer un groupe « ayant du sang sur le mains ».
Les auteurs de l’analyse savent qu’il y aura des oppositions à cette initiative proposée, dont le succès n’est pas garanti. Mais, dans le souci de vouloir les réduire, les auteurs du rapport proposent de poser comme condition à tout accord avec le groupe du prédicateur la renonciation à ses connexions avec des organisations terroristes transnationales, comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Amadou Koufa a rejoint dès sa création, en mars 2017, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, principale alliance djihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda, dirigée par Iyad Ag Ghaly.
Lors de la conférence d’entente nationale organisée la même année, les participants avaient appelé à l’ouverture de négociations avec le chef radical touareg malien, Iyad Ag Ghaly, et Amadou Koufa. Mais cette résolution avait été rejetée par les gouvernements malien et français.
Le groupe d’Amadou Koufa, qui recrute prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, n’a eu de cesse, depuis son apparition, de multiplier les affrontements dans le centre du Mali entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs « groupes d’autodéfense ». Le 23 mars dernier, ces violences ont culminé avec le massacre à Ogossagou, près de la frontière burkinabè, de quelque cent soixante villageois peuls par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons.
Malgré la présence de la de la Mission des Nations unies et de la force du G5 Sahel au Mali, lancée en 2017, la situation se dégrade toujours au centre du pays, limitrophe du Burkina Faso et du Niger, gagnés à leur tour par les violences terroristes, souvent mêlées à des conflits intercommunautaires.