D’après une loi promulguée le 27 mai par le président Cyril Ramaphosa, son pays, premier pollueur du continent africain et quatorzième au rang mondial, selon Greenpeace, va mettre en place, dès le 1er juin, une mesure écologique destinée à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre.
« Après une longue attente, l’Afrique du Sud va finalement, elle aussi, se doter d’une taxe carbone. Le changement climatique représente l’un des plus grands défis auxquels est confronté l’espèce humaine et l’objectif premier de la taxe carbone est de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’une façon viable », a confirmé le Trésor sud-africain dans un communiqué.
Ainsi, à partir de la semaine prochaine, dans un premier temps, les entreprises polluantes devront s’affranchir de 120 rands (7,4 euros) par tonne de CO2 émise. Puis, à compter de 2022, le montant évoluera avec l’inflation.
Initiée en 2010, la mise en place de l'impôt vert avait dû être repoussée à plusieurs reprises sous la pression des entreprises minières, des métallurgistes et de la compagnie publique d’électricité Eskom, souvent montrée du doigt pour ses centrales à charbon vétustes. Ces secteurs voient, en effet, d’un mauvais œil l’arrivée de cette fiscalité écologique susceptible d’éroder leurs bénéfices et de pousser à la hausse les prix de l’électricité.
En tête des opposants à cette taxe carbone figurent les plus gros consommateurs d’énergie, comme Sibanye-Stillwater, spécialisé dans l’extraction d’or, ou encore ArcelorMittal, le premier producteur d'acier au monde, également très présent en Afrique du Sud. Ces sociétés, dont les activités sont fortement émettrices de CO2, voient en cette taxe un sérieux frein à leurs activités et à leur compétitivité.
Les détracteurs comptent aussi dans leurs rangs le principal producteur d'énergie, Eskom, qui gère la fourniture d’électricité de plus de 90 % du pays. A contrario, pour les militants en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, tels que Greenpeace et Climate Action Tracker Group, le niveau de cette taxe est « insuffisant » pour convaincre les entreprises polluantes de réduire leurs émissions de dioxyde de carbone.
Le Fonds mondial pour la nature a néanmoins loué les efforts du président Cyril Ramaphosa pour être parvenu à promulguer une loi aussi contestée. « Même si beaucoup doit être encore fait pour que cette taxe soit plus efficace, nous reconnaissons qu’il s’agit d’une première étape significative », a reconnu l’ONG.
La taxe carbone est avant tout un « signal-prix » dont la vocation première est d’inciter les entreprises et les consommateurs à aller vers des modes de production et de consommation bas- carbone en renchérissant le coût de ceux qui polluent.