Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso, a dressé un tableau peu reluisant de la situation des réfugiés dans le pays, à l’occasion de la célébration de l'événement, le 28 mai à Brazzaville.
Commémorée le 25 mai de chaque année, la Journée de l'Afrique a été placée cette fois-ci sur le thème « Année des réfugiés, des rapatriés et des déplacés internes : pour des solutions durables aux déplacements forcés en Afrique ».
« Notre continent abrite plus d’un tiers des personnes déplacées dans le monde. Parmi elles, on estime à 14,5 millions le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leurs propres pays ou à travers le continent et 6,3 millions de réfugiés et de demandeurs d’asile », a souligné Jean-Claude Gakosso devant le corps diplomatique. « Quant à cela vous ajoutez ces milliers d’Africains victimes du trafic des êtres humains et de l’esclavage pratiqué de manière cruelle et éhontée… par ces bandes criminelles qui prospèrent dans le chaos en Libye, vous avez le tableau complet du drame dont notre continent est encore le théâtre aujourd'hui », a poursuivi le patron de la diplomatie congolaise.
Le Congo compte à ce jour sur son territoire un peu plus de cinquante mille réfugiés, dont près de trente mille citoyens centrafricains, près de mille cinq cents citoyens rwandais, et environ huit mille personnes déplacées, venues de la République démocratique du Congo, après les affrontements interethniques survenus dans la province du Maï-Ndombé.
Le recensement effectué récemment, conjointement par le gouvernement congolais et le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, a révélé que plus de trois mille cinq cents citoyens centrafricains ont été rapatriés de manière volontaire.
« Les Etats concernés doivent, dès lors, prendre, dans la dignité et la liberté, toute la mesure de leurs responsabilités pour créer les conditions idoines de retour dans leurs foyers de tous leurs citoyens », a déclaré, pour sa part, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union africaine (UA), par la voix de l’ambassadeur d’Egypte au Congo, Ramadan Mohamed Elkorany Bakr, remerciant les organisations humanitaires pour leur assistance, avant de les appeler à « redoubler d’efforts ». Une occasion pour le président de la Commission de l’UA de saluer également « les efforts et les sacrifices remarquables, à l’endroit des réfugiés, des pays d’accueil ».
Sur la voie de l’intégration
L’accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine entrera en vigueur à l’occasion du 12e sommet extraordinaire de l’UA, prévu en juillet prochain à Niamey, au Niger. « En 2019, le processus d’intégration de l’Afrique connaîtra un tournant décisif, avec le lancement de la phase opérationnelle de la zone de libre-échange continentale africaine (zlecaf), ce, une année après la création de celle-ci à Kigali, au Rwanda », a estimé Jean-Claude Gakosso, soulignant au passage la volonté du Congo de tenir tous ses engagements.
« Il est insupportable que nos jeunes, ce moteur de transformation et de développement, continuent de se jeter par vagues successives dans les embarcations de la mort à travers mers et déserts, faute de projets porteurs d’avenir et d’espoir. Notre espoir est que l’Afrique en tant que bloc devienne ainsi un grand partenaire incontournable dans le commerce mondial. Parallèlement à ce projet on ne peut plus porteur d’intégration africaine, le protocole sur la libre circulation des personnes et le passeport africain continuent de requérir davantage d’efforts », s'est réjoui, quant à lui, Moussa Faki Mahamat.
Au moment où le système commercial multilatéral est confronté à de nombreux défis, la mise en œuvre de cet accord devrait permettre à l’Afrique de mettre fin à la fragmentation de son marché interne, tandis que son commerce interne pourrait, selon les estimations, s’accroître de plus de 50%.
« Autant nous nous réjouissons de l’indéniable avancée historique qu’est la Zlecaf, autant nous avons des raisons de nous inquiéter, voire de nous alarmer face à la recrudescence des actes terroristes sur le continent, notamment dans la région sahélo-saharienne », s’est inquiété le ministre congolais des Affaires étrangères, qui n’a de cesse regretté « des actes ignobles largement alimentés par le conflit inter-libyen, lequel connaît, hélas, a-t-il dit, un regain d’intensité depuis près de deux mois, occasionnant de nombreuses pertes en vies humaines, aggravant l’image négative que l’Afrique projette d’elle-même et ralentissant le développement harmonieux de l’ensemble du continent ».
Conscient du lien intrinsèque entre le développement économique, la paix et la sécurité, le Congo- qui assure la présidence du Comité de haut niveau de l’UA sur la Libye- « ne cesse d’œuvrer à la promotion des valeurs de paix et de dialogue », a affirmé le chef de la diplomatie congolaise.
L’Afrique a célébré, le 25 mai, le 56e anniversaire de la naissance de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ancêtre de l’Union africaine. Cette année, l’événement a coïncidé à la fois avec la commémoration du 50e anniversaire de l’adoption de la convention de l’OUA et la commémoration du 10e anniversaire de l’adoption de la convention de Kampala sur l’assistance aux personnes déplacées internes.