29 mai 2011- 29 mai 2019, cela fait exactement huit ans que l’artiste musicien, Sébas Enemen de son vrai nom Nzambi Makoumba-Nzambi, n’est plus de ce monde. Pour lui rendre hommage, une cérémonie a été organisée en sa résidence à Brazzaville, le 29 mai sur le thème : « L’œuvre de Sébas Enemen : 8 ans après ».
Organisé par l’orchestre Ecurie musicale « La Muse », orchestre crée par le regretté artiste, et dirigé actuellement par Nizde Enemen, sa fille, la commémoration de cet anniversaire a été marqué par la lecture des évocations et témoignages ainsi que la prestation musicale.
André Boule, journaliste à la radio Congo (chaine nationale), a écrit un poème rendant hommage à cet artiste qui a émerveillement brillé sur le plan culturel, alors qu’il avait aussi la casquette de général, formé à Saint Cyr en France, ancien commandant de la Gendarmerie nationale.
Le Pr Dominique Ngoïe Ngalla, cousin de l’illustre artiste, a évoqué pour l’auditoire ce qu’a été l’homme. Nzambi Makoumba-Nzambi dit Sébas Enemen a été un homme brillant, parce qu’il était superbement intelligent, dit-il. Il a eu une carrière militaire admirablement rempli. La personnalité de cet immense artiste était complexe et tout en nuance. C’était un enfant d’un excellent caractère. Il était complexe effectivement, parce qu’il reçut à sa naissance une grande diversité de talents parfaitement équilibré, ce talent équilibré, le destinait à exercer avec une égale maitrise n’importe quelle profession où le conduirait ses préférences. Il était aussi à l’aise dans les sciences que dans les lettres et les arts. Et si finalement, il embrassa la carrière militaire ce fut poussé par un phénomène bien connu qu’on appelle le phénomène d’identification psychologique ou les mécanismes psychologiques entrainent un individu à s’identifier à une autre personne à partir du moment où il partage un même champ affectif. Sébas Enemen adorait son père et son père était soldat. Sébas Enemen ce fut soldat comme son père Sébastien. Mais un soldat doublé d’un merveilleux artiste. Il fut sensible à l’appelle d’Apollon le dieu grec de la poésie et du chant. Et lorsque Apollon l’appela, il choisit d’exprimer la poésie du monde par la musique et la chanson, mais une chanson qui se mêle à l’écriture, de sorte que l’appel des notes et de l’écriture convergent vers une même note. Il écrivit et il chanta, et il fut chanté. Toute sa vie, il travailla l’accord de l’écriture et de la chanson…
« Les textes de Sébas Enemen étaient des petits bijoux qui méritent de figurer dans les ontologies congolaises pour être étudiés par les élèves congolais. Je l'avais annoncé immortel, et c'est ce qui fut fait. Il y a dans l'oeuvre de cet homme, des choses qui resteront pour la postérité. Ce qui fait la valeur de l'oeuvre de Sébas Enemen, c'est ce bel engagement de l'artiste au combat contre la misère, au combat pour l'avenement d'un monde meilleur et plus juste. Il nous laisse une oeuvre prodigieuse que par sa qualité je vois s'inscrivant dans l'éternité de la mémore collective », conclu-t-il.
Témoignant pour sa part, le Pr Paul Nzeté, a reconnu le côté patriotique du général et de l’artiste. « Je regrette que la radio et la télévision, bref les chroniqueurs de musique ne parlent pas de cet artiste », a-t-il déploré. Comme le Pr Dominique Ngoïe Ngalla, le Pr Paul Nzeté a reconnu également en cet illustre, un grand philosophe.
L’un des témoignages poignants, a été celui de son épouse, Henriette Makoumba-Nzambi, qui a prononcé pour l’auditoire les propos de son époux une semaine avant sa mort. « Mon mari était un grand athée. Il ne priait pas. Chaque soir lorsque nous prions à la maison, il était toujours loin de nous. Mais aux derniers moments de sa vie, il venait se joindre à nous pour prier Dieu. D’où, une semaine avant sa mort, il m’a dit ceci : Je te remercie pour le travail que tu as accompli, celui d’amener toute la famille à la prière, à la reconnaissance de Dieu. »
A l’issue des différents témoignages sur l’artiste, Nizde Enemen, patronne actuelle écurie musicale « La Muse », orchestre crée par Sébas Enemen, a interprété six chansons de celui pour lequel la manifestation a été organisée. Il s’est agi entre autres de Je m’en vais à Gorée ; Pointe-Noire, Brazzaville …
Nizde Enemen, a indiqué également que son défunt père a laissé 62 chansons dont six albums avec dix titres et un single avec deux chansons. Dans si peu, l’Écurie va lancer les activités avec en prime des spectacles partout où besoin sera.
Quelle l’œuvre musicale de Sébas Enemen ?
C’est en 1996 que Sébas Enemen arrive dans le monde musical avec la présentation de son premier album intitulé : « Le temps des Jacinthes ». C’est également ce nom que porte son recueil de chansons publié en 2010, à Brazzaville sous la préface du professeur, Dominique Ngoïe Ngalla. Dans ce recueil de chansons, il y a quarante-deux poèmes en langue française, tirés d’un répertoire qui englobe soixante-deux titres, les uns en lingala, en kituba et en bembé, et un petit nombre en espagnol.
Sébas Enemen abordait des sujets liés à la société, tels que : la paix, l’amour, le social, l’économie, le développement, les villes, l’amour du prochain, le vivre ensemble. Bref, il chantait pour plus d’humanité, de la tolérance, de la concorde, de l’unité, de la fraternité. Celui qui avait toujours de dire « Ma mélodie est un hymne à l’amour », était devenu l’ami des culturels, des journalistes avec lesquels, il partageait quelques poignets d’arachides comme il le disait aussi haut et fort dans « Pesa munu Nguba », l’arachide a des vertus mystérieuses.
Le philosophe Sébas Enemen a laissé plusieurs titres, parmi lesquels : Paix sur la terre, Que reste-t-il de la nation ?, La ville de mes rêves, J’irai pleurer à Gorée, Les attardés de la terre, Congo mon pays, Pointe-Noire, Hymne à Brazzaville, …