Afrique : le chef de l’OMC promet de soutenir la poursuite de l’intégration économique

Mardi, Juin 4, 2019 - 12:49

 Roberto Azevedo a estimé, le 3 juin, que les choses seront facilitées après l’entrée en vigueur, le 30 mai dernier, de l’accord de la Zone de libre-échange continentale (Zlec).

S’adressant au Groupe africain des membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à Genève, Roberto Azevedo a dit accueillir avec « extrême satisfaction » le fait que le document a pris cours. « Les progrès rapides que vous avez accomplis sont largement bienvenus. Cela montre à quel point vous accordez de l’importance au commerce et à une intégration plus étendue », a-t-il déclaré.

Convaincu qu’il y a beaucoup de travail à faire avec les dirigeants africains, le directeur général de l’OMC a ajouté : « Nous sommes en contact avec l’Union africaine et le commissaire Muchanga et nous étudions les moyens de travailler plus étroitement ensemble et les domaines spécifiques dans lesquels nous pouvons fournir un soutien technique plus important ».

Après l’entrée en vigueur de la Zlec, il faut encore attendre la « phase opérationnelle » qui doit être lancée le 7 juillet, lors d’un sommet de l’organisation panafricaine à Niamey. Ce sera après la finalisation d’instruments clés tels que les mécanismes d’arbitrage, la définition des règles d’origine des marchandises ou encore des mécanismes en vue de l’« élimination » d’obstacles tels que la corruption ou les mauvaises infrastructures.

La Zlec a pour but d’éliminer progressivement les droits de douane entre pays membres, afin de favoriser le commerce au sein du continent, mais aussi permettre aux pays africains de s’émanciper d’un système économique trop centré sur l’exploitation des matières premières. L’Union africaine (UA) estime que sa mise en œuvre permettra d’augmenter de près de 60% d’ici à 2022 le niveau du commerce intra-africain. Actuellement, seulement 16% du commerce des pays africains s’effectue avec d’autres pays du continent.

A ce jour, cinquante-deux membres de l’UA sur cinquante-cinq ont déjà signé l’accord portant création de la Zlec, avec l’exception notable de la première économie du continent, le Nigeria. Pour qu’elle devienne effective, il fallait que vingt-deux membres ratifient le texte et le notifient officiellement à l’organisation continentale. Ce seuil a été atteint le 29 avril, ouvrant la voie à une entrée en vigueur trente jours plus tard, comme prévu dans les statuts de la Zlec.

Le Burkina Faso et le Zimbabwe ont déposé leurs instruments de ratification depuis le 29 avril, portant le nombre de pays inclus dans la Zlec à vingt-quatre, avec des poids-lourds du continent comme l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Kenya ou l’Ethiopie. D’autres pays ont entrepris une ratification, dont le Maroc.

À partir du moment où tous les pays auront signé le document, la Zlec ouvrira l’accès à un marché de 1,2 milliard de personnes, pour un produit intérieur brut cumulé de plus de deux mille cinq cents milliards de dollars. Ce qui doit permettre, selon ses défenseurs, d’aider à la diversification des économies africaines et à l’industrialisation du continent, tout en lui offrant une plate-forme unique pour négocier de meilleurs accords commerciaux avec l’extérieur.

En attendant de voir comment cela pourra être concrétisé, il sied de noter que tout le monde ne partage pas l’optimisme lié à cette ambition. Pour preuve, plusieurs critiques du projet avancent que la mauvaise qualité des infrastructures de transport et le manque de complémentarité entre les économies africaines constituent un frein au développement du commerce intra-africain.

 

 

 

Nestor N'Gampoula
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