Les eaux de la Méditerranée ont englouti plus de douze mille personnes depuis 2014, en tentant de rallier l'Europe depuis la Libye. L'Union européenne (UE) pourrait être appelée à s'expliquer devant la justice internationale.
Deux avocats internationaux installés à Paris, Juan Branco et Omer Shatz, ont demandé à la Cour pénale internationale (CPI) de poursuivre l'UE et ses Etats membres pour crimes contre l'humanité, compte tenu de la mort de milliers de migrants qui ont péri en Méditerranée. Les deux avocats ont transmis une plainte de deux cent quarante-cinq pages à la procureure de la CPI, Fatou Bensouda. Un dossier qui, selon eux, fournit "suffisamment de preuves impliquant les hauts responsables et agents de l'UE et des Etats membres dans des crimes contre l'humanité commis en application des politiques migratoires de l'UE en Méditerranée et en Libye" depuis 2014.
Plus de douze mille personnes seraient mortes depuis cette date en Méditerranée, en tentant de rallier l'Europe depuis la Libye, ce qui en fait la route migratoire maritime la plus meurtrière au monde, selon l'ONU. Pour Juan Branco et Omer Shatz, l'UE a eu recours à "une politique migratoire fondée sur la dissuasion et visant à sacrifier les vies des migrants en détresse en mer".
Il n'est toutefois pas établi comment le bureau de la procureure de la CPI traitera leur plainte, qui cible les dirigeants et les agents de l'UE, les Etats membres et spécifiquement la France, l'Allemagne et l'Italie, trois pays membres de la CPI. Celle-ci enquête déjà sur les accusations de crimes commis à l'encontre des migrants et des réfugiés en Libye "afin de déterminer s'ils relèvent de la juridiction de la Cour".