Tensions commerciales : le G20 tente d’empêcher la dégradation de la confiance

Jeudi, Juin 6, 2019 - 15:00

Une réunion des ministres des Finances de l’espace se tient ce week-end à Fukuoka, dans le sud-ouest du Japon. L’offensive commerciale américaine, repartie de plus belle après quelques mois d’accalmie et menaçant la croissance mondiale, sera au menu des discussions.

Les retrouvailles s’avèrent nécessaires puisqu’après une année d’affrontement commercial entre la Chine et les Etats-Unis, le conflit a pris une nouvelle dimension depuis les dernières discussions intervenues le 10 mai. C’est dire qu’après des mesures prises par les deux grandes puissances portant sur les droits de douane punitifs, la « liste noire » d’entreprises ainsi que des propos peu amènes, Chinois et Américains semblent aujourd’hui loin de l’accord tant espéré au sommet du G20 à Osaka, fin juin, entre les présidents Donald Trump et Xi Jinping.

Outre les grands argentiers des économies majeures de la planète - ministres des Finances et banquiers centraux – qui doivent chercher une solution aux tensions commerciales actuelles, leurs homologues du Commerce vont se réunir au même moment au nord de Tokyo.

Evoquant l’importance de la réunion des ministres des Finances dans un blog, la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a parlé de la nécessité de trouver une solution au différend qui oppose la Chine et les Etats-Unis. « La priorité absolue est de résoudre les tensions commerciales », a-t-elle martelé. Christine Lagarde a appuyé son propos par des chiffres alarmistes : l’ensemble des droits de douane supplémentaires imposés par Washington et Pékin pourraient réduire le produit intérieur brut mondial de 0,5% en 2020, selon les estimations de l’organisation. Des inquiétudes partagées également par la Banque mondiale qui a abaissé, le 4 juin, ses prévisions de croissance pour cette année (+2,6%, contre +2,9% auparavant).

Malgré cela, les Etats-Unis bataillent fermement contre les « déséquilibres commerciaux » et n’entendent pas plier sous tension. C’est pour cette raison que le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a prévu plusieurs rencontres bilatérales, dont l’une avec le gouverneur de la banque centrale chinoise, Yi Gang. « Le commerce sera un des sujets de conversation, avec une préoccupation : comment essayer de réduire certaines des pratiques déloyales qui existent », relève un haut fonctionnaire du Trésor américain.

Pour Kenji Yumoto, économiste du Japan research institute, malgré les divergences, le G20 Finances doit veiller à transmettre un message rassurant « pour apaiser les craintes et empêcher que ne se dégrade davantage encore la confiance ».

Les ministres des Finances vont, par ailleurs, se pencher sur la taxation des géants du numérique (Gafa- acronyme qui désigne les quatre mastodontes américains du secteur : Google, Amazon, Facebook, Apple). Il s’agit d’un dossier où le multilatéralisme semble fonctionner, même si les Gafa sont régulièrement critiqués pour leurs pratiques d’optimisation fiscale.

La réunion de Fukuoka sera l’occasion pour l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de présenter sa feuille de route, approuvée par cent vingt-neuf pays, pour attendre le « soutien politique » du G20. L’idée est de « pouvoir taxer des activités sur un territoire, même si l’entreprise qui les déploie n’y a pas une installation dite d’affaires, en d’autres termes une présence physique qui, à ce jour, déclenche le droit d’imposer », expliquait récemment Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE.

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula
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