Changement climatique : les grandes entreprises font les frais

Jeudi, Juin 6, 2019 - 16:00

Le phénomène pourrait faire perdre mille milliards de dollars aux deux cents premières capitalisations boursières du monde au cours des cinq prochaines années, conclut l’organisation non gouvernementale CDP, dans son rapport 2018.

L’étude a porté sur les deux cent quinze plus grandes entreprises mondiales représentant une capitalisation boursière à dix-sept mille milliards de dollars, allant d’Apple à Microsoft, en passant par Unilever, UBS, Nestlé, China Mobile, Infosys, Sony et BHP. Ces organisations prévoient des coûts supplémentaires de neuf cent soixante-dix milliards de dollars liés à des facteurs tels que l’élévation des températures, les intempéries ou encore la taxe carbone.

Les conclusions du CDP - une ONG qui dispose de la plus importante base mondiale de données sur la performance environnementale des villes et des entreprises - laissent entendre que de nombreuses sociétés sous-estiment toujours les risques liés au climat, alors que les prévisions scientifiques sont de plus en plus alarmantes. « La plupart des entreprises ont encore un long chemin à parcourir pour bien évaluer les risques liés au climat », a déclaré Nicolette Bartlett, directrice au CDP et auteure du rapport.

Dans le même temps, l’adaptation à ce changement climatique représente une opportunité que les entreprises ont évaluée à deux mille cents milliards de dollars sur la même période, notamment dans les secteurs du transport et de la mobilité avec une demande plus rapide que prévu en véhicules électriques, aux investissements dans les énergies renouvelables.

De nombreuses entreprises ont également perçu un potentiel énorme si le monde pouvait réduire les émissions carbonées à temps pour éviter les scénarios climatiques les plus sombres, que les scientifiques considèrent comme une menace pour la civilisation industrielle tout entière.

Le CDP - anciennement connu sous l’appellation Carbon disclosure project - est une voix respectée au sein d’un nombre grandissant de groupes de pression, de gestionnaires de fonds, de banquiers centraux et de politiciens qui estiment que le réchauffement climatique constitue un risque systémique pour le système financier.

Les préoccupations des investisseurs concernant le risque climatique ont fortement augmenté parallèlement à la montée du militantisme climatique dans de nombreux pays, car les vagues de chaleur, les sécheresses, les incendies de forêt et les super-tempêtes sont de plus en plus difficiles à ignorer.

Bien qu’aucun secteur ne soit totalement transparent en matière de risque climatique, les sociétés de services financiers ont tendance à figurer parmi les plus réceptives, représentant environ 70% à 80% des coûts et opportunités estimés.

Les entreprises de combustibles fossiles qui ont répondu au CDP ont signalé cent quarante milliards de dollars d’opportunités potentielles liées à une transition vers une économie sobre en carbone - soit plus de cinq fois les vingt-cinq milliards de dollars de risques identifiés, a précisé le CDP.

Josiane Mambou Loukoula
Notification: 
Non