La ministre française des Armées a fait le point, le 13 juin, sur l’état de la menace terroriste et tracé ''quelques pistes" pour l’avenir de l’action des forces françaises ainsi que des initiatives de son département ministériel.
Parlant de la lutte contre le terrorisme lié aux organisations djihadistes, Florence Parly est convaincue qu'elle va encore durer. ''En réalité le conflit d’une génération. Tous les facteurs sont là pour le confirmer '', a-t-elle déclaré. Au moins pour deux raisons : les crises ''profondes'' de gouvernance ayant permis à des organisations de prospérer n’ont pas été réglées. De plus les organisations jihadistes inscrivent leur action dans le temps long.
La ministre s'explique :" L'ennemi est là pour durer, car il se pense dans la durée. […] Il joue le temps long. Il mise sur la jeunesse (...) Tout est pensé pour fabriquer en secret la prochaine génération de tueurs". Ce qui appelle à des défis à la fois stratégique, politique, diplomatique, juridique, économique, financier et matériel.
Sur le dernier défi, Florence Parly souligne la nécessité d’adapter des cycles d’innovation propres "pour développer des moyens de détection, de protection, de destruction parfois, aussi, (face à un ennemi) versatile (qui) a su bricoler de sérieuses menaces, comme des drones commerciaux lestés de grenades, toutes sortes d’explosifs improvisés cachés dans des vélos, des motos, des ânes et même des vaches''.
"Le terrorisme n'est pas une menace pour la France seule"
Toutefois, elle invite à '' l’économie de moyens" qu'il faille apprendre à gérer''. Au-delà de l’engagement de la France contre les groupes terroristes, Florence Parly plaide pour une implication plus grande des pays membres de l’Union européenne (UE). '' Nous aurions tort de croire que le terrorisme est une menace pour la France seule : nos partenaires ont tous été touchés, et c’est ensemble que nous devons réagir. Et pour ceux qui n’ont pas été frappés directement, il y a le devoir de solidarité'', a-t-elle dit.
A titre de rappel, ''l'activation de la clause de solidarité de l’UE, l’article 42.7 [du traité de l’UE], a été en réponse aux attentats du 13 novembre [2015]'', a précisé la ministre des Armées.
Vingt trois armées européennes sont présentes au Sahel. Sans oublier les dépenses de l’UE pour des missions de formation (EUTM Mali), son soutien financier aux pays vulnérables, dans des actions visant à renforcer la cohésion des pays en crise et lutter contre l’extrémisme violent. Mais '' c’est aussi un acteur majeur de l’aide au développement'' a-t-elle relevé, invitant l’Europe à '' intégrer dans son logiciel l’action contre le terrorisme''. Car si le Sahel n’est pas stabilisé, l'UE aura ''durablement sur sa tête non pas une, mais deux épées de Damoclès : celle du terrorisme et des prises d’otages, et celle des migrations illégales, dont beaucoup transitent par ces territoires''.
Pour Florence Parly, il faut accompagner les forces armées sahéliennes après les avoir formées, '' y compris lorsqu’elles vont au combat, et pas seulement dans les états-majors" . Elle propose de faire appel aux forces spéciales des pays européens dans le cadre de l'initiative européenne d'intervention, en lien avec les autorités maliennes.
Lancée en juin 2018 par onze pays (France, Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni), cette initiative européenne vise à favoriser l’émergence d’une culture stratégique européenne commune et à créer les conditions préalables pour de futurs engagements coordonnés et préparés conjointement sur tout le spectre de crise.