Des éléments de l'armée nigériane ont trouvé la mort dans l'attaque d'une base militaire par des combattants du groupe djihadiste Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, en proie à une sanglante insurrection armée depuis dix ans.
Des hommes soupçonnés d'appartenir à la faction de l'Etat islamique en Afrique de l'ouest (Iswap) ont pris d'assaut, lundi soir, une base militaire à la périphérie de la ville de Gajiram, à 80 km de la capitale régionale, Maiduguri.
« Les corps de quinze soldats ont déjà été retrouvés dans le cadre des opérations de recherche et de secours », a déclaré le 18 juin, à l'AFP, un officier de l'armée nigériane sous couvert d'anonymat. « Ce chiffre pourrait changer étant donné que les opérations (de recherches) sont toujours en cours et que de nombreux soldats manquent toujours à l'appel », a-t-il ajouté.
Une autre source militaire jointe au téléphone a confirmé ce bilan. « Quinze soldats ont payé le prix suprême, leurs corps ont été retrouvés et la recherche d'autres soldats portés disparus continue », a précisé cette source.
Les jihadistes ont emporté des armes et des véhicules après avoir mis en déroute l'armée et incendié la base, causant d'importants dégâts, selon les deux sources militaires.
Arrivés à bord de neuf pick-up, « ils ont délogé les soldats de la base après des combats », avait confié plus tôt à l'AFP une autre source sécuritaire sous couvert d'anonymat.
Selon des témoignages d'habitants, les jihadistes sont ensuite entrés dans la ville de Gajiram, où ils ont pillé des magasins et tiré des coups de feu en l'air, obligeant les habitants à se réfugier dans leurs maisons ou à fuir en brousse.
« Les hommes armés ont pénétré dans la ville vers 18h 00 après avoir vaincu les soldats de la base », a déclaré Mele Butari, un habitant de Gajiram. « Ils sont restés près de cinq heures. Ils sont entrés par effraction dans les magasins et ont pillé les stocks de nourriture », a-t-il témoigné, poursuivant: « Ils n'ont blessé personne et n'ont fait aucune tentative pour attaquer les gens qui s'étaient réfugiés dans la brousse ou chez eux ».
Des habitants ont vu, le matin du18 juin, des soldats revenir vers la ville depuis la brousse environnante, probablement après avoir fui durant l'attaque.
Trois bases en un mois
L'insurrection lancée par Boko Haram en 2009 dans le nord-est du Nigeria et sa répression par l'armée ont fait plus de vingt-sept mille morts et 1,8 million de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer. Elle a aujourd’hui gagné le Niger, le Tchad et le Cameroun voisins.
Gajiram et la base militaire attenante ont été attaquées à plusieurs reprises par les jihadistes. Des dizaines de bases militaires ont été attaquées depuis un an par la faction affiliée au groupe Etat islamique, qui cible principalement l'armée et les symboles de l'Etat.
Depuis début juin, c'est au moins la troisième attaque contre une base recensée par l'AFP dans le nord-est du pays.
La semaine dernière, l'Iswap a revendiqué l'attaque de la base militaire de Kareto, également située dans l'Etat du Borno, affirmant avoir tué vingt soldats. Des sources sécuritaires avaient fait état de « plusieurs morts », sans donner de bilan précis.
Et le 4 juin, la même faction avait revendiqué une série d'attaques contre cinq bases militaires de la région, parlant de quatorze soldats tués. Ces allégations n'ont pu être vérifiées de manière indépendante, mais une source militaire a cependant confirmé que cinq soldats avaient été tués dans la base de la ville de Marte (Etat du Borno).
Par ailleurs, au moins trente personnes ont été tuées et quarante autres blessées à Konduga (nord-est), dimanche, dans un triple attentat-suicide attribué cette fois à la faction loyale au leader historique de Boko Haram, Abubakar Shekau. Il s'agissait de l'une des attaques les plus meurtrières de ce groupe djihadiste contre des civils depuis des mois dans cette région.