Les prélats du pays ont dénoncé, le 23 juin, « l'hypocrisie » des accords de paix signés depuis le début de la crise en 2013, alors que la mise en œuvre de l'accord conclu début février entre le gouvernement et quatorze groupes armés reste fragile.
« Le peuple est fatigué par l'hypocrisie qui caractérise la signature des différents accords qui ont eu lieu dans ce pays ", ont écrit les évêques de Centrafrique, dans un communiqué publié dimanche à l'issue d'une session de la conférence épiscopale centrafricaine. « Une fois ces accords signés, aussitôt ils sont violés », ont-ils déploré.
En outre, ils ont fait observer que près de cinq mois après la signature de l’accord de paix négocié à Khartoum, le huitième depuis l'éclatement de la crise en 2013, sa mise en œuvre reste lente et fragile.
Les évêques ont exhorté la communauté internationale « à ne pas permettre que les engagements pris, pour le respect concret et effectif de l'accord de Khartoum, ne deviennent de simples engagements verbaux ».
Les prélats ont notamment condamné « avec fermeté » les tueries perpétrées en mai par l'un des groupes armés signataires de l'accord de paix ayant entraîné la mort de plus de cinquante civils dans l'ouest du pays.
Dans ce communiqué, les responsables religieux ont demandé « avec insistance, que les auteurs de ces crimes soient arrêtés et traduits devant la justice ».
Le chef de la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca), Mankeur Ndiaye, a indiqué qu'en dépit d'avancées, entre cinquante et soixante-dix violations de l'accord de paix étaient rapportées chaque semaine.
Des groupes armés veulent le contrôle des ressources du pays
Classé parmi les pays les plus pauvres au monde, la Centrafrique, avec ses 4,5 millions d'habitants, a basculé dans la violence et le chaos en 2013, après le renversement du président François Bozizé.
Dans ce pays où l'Etat ne contrôle qu'une maigre partie du territoire national, des groupes armés s'affrontent dans les provinces pour le contrôle des ressources, notamment les diamants, l'or et le bétail.
Sur le plan socio-éducatif, les prélats centrafricains constatent qu’un grand nombre d’établissements scolaires ont fonctionné sans être perturbés, bien que certains en province aient manqué d’enseignants. Ils ont cependant regretté la persistance du trafic des diplômes qui compromet de plus en plus le niveau intellectuel des jeunes.
Par ailleurs, les responsables religieux ont indiqué qu’avec l’appui du Haut-commissariat des réfugiés, de la Minusca et d’autres partenaires, le gouvernement a réussi des opérations de rapatriement de certains Centrafricains qui étaient restés longtemps à l’étranger.
Cependant, ont-ils précisé, il existe encore des milliers de déplacés internes et autant de réfugiés qui attendent impatiemment de rentrer au pays. L’épiscopat centrafricain souligne que le peuple est fatigué de l’hypocrisie qui accompagne la signature des différents accords qui ont eu lieu dans le pays. Des accords qui, ont-ils dénoncé, sont signés et aussitôt violés par les mêmes signataires.
Les évêques ont fait remarquer, d’une part, que les vrais débats pouvant aider le pays à marcher vers la paix et la réconciliation sont souvent sacrifiés sur l’autel des intérêts égoïstes. D’autre part, la gestion de biens immobiliers et de l’état civil est bradée aux étrangers. Ils ont recommandé, à cet effet, le retour sans condition de l’autorité de l’Etat.