Selon une enquête de l'Institut national d'études démographiques (Ined), les hommes nés en France dont les parents sont d'origine d'Afrique du Nord connaissent une " importante surmortalité". Un phénomène que l'Ined n'explique pas clairement les causes.
La probabilité estimée de décès entre 18 et 65 ans s'élève à 162 pour 1000 pour les hommes de la population "de référence". Elle est 1,7 fois plus élevée pour les hommes nés en France de deux parents originaires d'Afrique du Nord (Algérie, Maroc et Tunisie), soit 276 pour 1000. En revanche, elle est plus faible pour ceux de la deuxième génération d'origine sud-européenne (Portugal, Italie et Espagne), à 106 pour 1000, ainsi que pour les hommes immigrés de première génération toutes origines confondues.
Les résultats concernant les femmes ne relèvent pas de "différences statistiquement significatives", précise l'étude. Elle suggère que cette surmortalité ne s'explique pas simplement par les différences de niveau d'éducation, mais par un ensemble de désavantages, notamment sur le marché et sur le niveau des revenus. Il s'agit d'une dimension de santé publique importante et inconnue jusqu'ici, relèvent les auteurs de l'enquête. Ils expliquent que la discrimination sur le marché du travail, qui est "plus répandue" parmi la deuxième génération, peut se traduire par une détérioration du fonctionnement "psychosocial" et par un " impact négatif sur la santé ".
Par manque de données, les auteurs précisent qu'il a été difficile sur le sujet. Selon l'étude, la première du genre en France, il est peu probable que la différence d'accès aux soins de santé soit un élément important car les enquêtes n'ont montré aucune différence dans l'utilisation des soins entre les groupes étudiés. En dépit du manque de données, les chercheurs évoquent le rôle du tabagisme et de l'alcool comme déterminants immédiats. Ils ont utilisé un échantillon de 380 000 personnes âgées en 1999 de 18 ans et plus et ont exploité des registres de décès jusqu'en 2010.
La France est le pays qui compte la plus grande population de descendants d'immigrés dans l'Union européenne. En 2014, la population d'individus nés dans ce pays avec au moins un parent immigré représentait 9,5 millions de personnes, soit 14,3 % de la population totale.