Mauritanie : le général Ghazouani élu dès le premier tour

Mardi, Juillet 2, 2019 - 12:15

Le Conseil constitutionnel a confirmé, le 1er juillet, la victoire  du candidat du pouvoir à la présidentielle, rejetant les recours de ses adversaires de l’opposition pour « insuffisance de preuves ».

L'homme effacé que les Mauritaniens connaissent peu, même s’il a occupé les plus hautes fonctions militaires dans l’ombre de son prédécesseur, prend les rênes du pays, avec 52% des suffrages exprimés.

Mohamed Cheick El-Ghazouani a « recueilli la majorité absolue » au premier tour le 22 juin, selon la décision lue par un des neuf membres du Conseil constitutionnel. Il succédera, le 2 août, à Mohamed Ould Abdel Aziz, pour la première transition entre deux présidents élus en Mauritanie, ce vaste pays du Sahel secoué par de nombreux coups d'Etat de 1978 à 2008, date du putsch qui a porté Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir avant son élection en 2009. Il ne pouvait se représenter après deux mandats.

Ce dauphin de Mohamed Ould Abdel Aziz devance quatre opposants, dont le militant antiesclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid (18,59%), l'ex-Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar (17,87%) et le journaliste Baba Hamidou Kane (8,7%), soit des résultats quasi identiques à ceux annoncés le 23 juin par la Commission nationale électorale indépendante (Céni).

Selon le président du Conseil constitutionnel, Bathia Mamadou Diallo, « le système électoral en Mauritanie s'est beaucoup amélioré » et « s'améliore à chaque élection ». Ces résultats ont été établis sur la base des procès-verbaux transmis au Conseil par « des magistrats assermentés », a-t-il souligné.

Quelques heures avant la transmission des résultats par la Céni, les quatre candidats de l'opposition, dont plusieurs avaient saisi le Conseil pour réclamer l'annulation du vote, avaient exposé des « fraudes » rendant, selon eux, impossible une victoire au premier tour du général Ghazouani.

« Après vérification par nos techniciens électoraux qui ont travaillé sur quatre cent cinquante-cinq bureaux de vote (sur un total de 3 861, Ndlr) où il a réalisé 100% et plus, le candidat Ghazouani ne pouvait pas avoir plus de 41% », a affirmé Biram Ould Dah Ould Abeid lors d'une conférence de presse, dimanche soir, avec les trois autres candidats de l'opposition.

« Tous ces bureaux sont situés dans des zones reculées, logés chez des dignitaires du régime contrairement à la loi, loin de toute possibilité de contrôle, totalisant plus de 9 800 voix, soit 10% du vote global », a-t-il ajouté, estimant que Mohamed Cheick El-Ghazouani ne pouvait obtenir « dans le meilleur des cas que 48,5 % ».

Le nouveau président élu a déjà reçu les félicitations de plusieurs pays (France, Maroc, Algérie, Mali, Arabie saoudite...). Il avait salué, le 28 juin dans la soirée, le peuple mauritanien « pour sa maturité politique et l'enracinement du pluralisme démocratique et du dialogue » durant le processus électoral.

Mohamed Ould Abdel Aziz a stabilisé la Mauritanie, frappée dans les années 2000 par des attentats djihadistes et des enlèvements d'étrangers, en menant une politique volontariste : remise sur pied de l'armée, surveillance accrue du territoire et développement des zones reculées. Mais les critiques se focalisent sur la persistance de profondes inégalités sociales et dénoncent des atteintes aux libertés publiques.

Josiane Mambou Loukoula
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