Sommet de Niamey : Tripoli au centre des attentions

Mardi, Juillet 9, 2019 - 17:00

Le comité de haut niveau consacré à la Libye a tenu une réunion à huis clos, le 7 juillet dans la capitale nigérienne, en marge du sommet de l’Union africaine (UA).

La rencontre du dimanche était axée sur la situation humanitaire et sécuritaire en Libye. En effet, le 5 juillet, le Conseil de sécurité de l'ONU appelait à un « cessez-le feu urgent ».

Depuis le 4 avril dernier, les troupes du maréchal Haftar, l'homme fort de l'est libyen, sont engagées dans une offensive militaire pour s'emparer de Tripoli où siège le gouvernement d'union nationale (GNA). Les combats au sol et les raids aériens dans cette bataille ont poussé, selon l'ONU, plus de cent mille personnes à la fuite. Et d'après l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de mille personnes ont été tuées et près de cinq mille blessées dans les violences aux portes de la capitale libyenne en trois mois.

L'attaque aérienne du 2 juillet sur un centre de détention de migrants à Tajoura, une banlieue de Tripoli, a tué cinquante-trois personnes dont six enfants, selon l'ONU. Le GNA a accusé les forces du maréchal Khalifa Haftar de la frappe, mais celles-ci ont démenti.

Signe que les tensions sont palpables sur ce dossier, l'Égyptien Abdel Fattah al-Sissi n’a pas pris part à cette réunion et s’est fait remplacer par son ministre des Affaires étrangères. Une autre absence qui ne passe pas inaperçue, celle du président rwandais, Paul Kagame.

Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, cible les ingérences extérieures. Or, l’Égypte est un soutien de poids du maréchal Haftar. Il apparaît donc clair que Le Caire ne veut pas que l’UA s’occupe de ce dossier, mais pour l’institution panafricaine et les dirigeants de la région, la situation en Libye est avant tout un problème africain.

L’organisation africaine doit donc s’investir plus en avant dans le dossier. Pour ce faire, les dirigeants présents ont soumis l’idée d’envoyer sur place un émissaire conjoint à l’UA et aux Nations unies. Une manière aussi de signifier que Ghassan Salamé, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, ne les associe pas suffisamment aux discussions. Dans ce contexte tendu, difficile de sortir le pays du chaos.

L’UA appelle à un cessez-le-feu immédiat

L’arrêt des combats est un préalable pour l’institution panafricaine. « On ne peut rien sans un cessez-le-feu immédiat et sans condition », explique-t-on au sein de l’UA.

En marge de la 35e session ordinaire du conseil exécutif de l’UA, le Conseil de paix et de sécurité a convenu, au cours d’une réunion, qu’une « enquête indépendante doit être diligentée en urgence, avec la participation de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples pour établir les faits liés à la dernière attaque contre le centre de détention de migrants de Tajoura, près de Tripoli, tout en formulant des recommandations relatives aux mesures à prendre pour assurer la dignité, la sûreté et la sécurité des migrants ».

L’organe de l’UA a, en outre, souligné « la nécessité pour les États membres de prendre des mesures afin de s’attaquer résolument aux causes profondes de la migration irrégulière » et « demandé à tous les pays concernés de redoubler d’efforts, y compris via le soutien logistique, afin de faciliter le rapatriement rapide de leurs ressortissants en Libye afin d’éviter toute exploitation ultérieure de leur situation précaire », avant de mettre l’accent sur « l’impératif d’un règlement politique comme seule solution viable pour résoudre la crise qui prévaut dans ce pays ».

Le sommet de l’UA a pris fin le 8 juillet à Niamey. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont officiellement lancé la Zone de libre-échange continentale mais ont également abordé d’autres sujets, comme la lutte contre le terrorisme et la situation au Soudan.

Josiane Mambou Loukoula
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