Au terme de ses quarante-huit heures de travail intense dans la Bouenza, la ministre du Tourisme et de l’environnement a organisé une réunion au cours de laquelle elle a exprimé son désarroi face à l’inconduite des cadres de son ministère en poste dans ce département.
Devant les autorités préfectorales, départementales, élus locaux, cadres administratifs, responsables d’entreprises, … la ministre du Tourisme et de l’environnement s’est dite meurtrie lors de sa tournée, à cause du comportement des cadres administratifs qui n’ont pas transmis des rapports conformes au préfet du département précédant sa visite, contrairement à ce qui a été constaté sur le terrain. Aussi a-t-elle soulevé le problème du renforcement des capacités de ces derniers.
« Si nous voulons que les choses changent dans le cadre de la nouvelle gouvernance dont parle le chef de l’État depuis 2009 et que nous avons rappelé dans le Plan national de développement 2018-2022 en mettant l’accent particulier sur la ressource humaine, donc l’Homme au centre du projet, ça nous ramène à notre propre gestion, c’est nous le problème. Partout où je suis passée, il y a le laxisme, la non-application des règles, des procédures de l’État », a déclaré la ministre.
Arlette Soudan-Nonault a rappelé que dans tous les domaines, des lois existent mais si ceux qui doivent les mettre en application sous la coordination du préfet n’ont pas l’étoffe, c'est la population qui est victime de tous les désagréments. La ministre s'est interrogée sur les motivations réelles des administrés en favorisant la déliquescence des services de l’État, dénonçant la corruption dans l’air, le manque de connaissance des procédures, le laisser-aller qui met en mal toute l’administration publique, pratiquement dans tous les départements du pays.
« Cela fait deux ans que je suis dans ce portefeuille de l’environnement et je n’ai jamais reçu une proposition d’un de mes directeurs départementaux pour me dire, telle société a des problèmes, voilà ce que préconise la loi. Personne ne peut même m’alerter. Je suis venue ici de mon propre fait, ce n’est pas la directrice départementale qui m’a interpellée », a déploré la ministre.
Une nouvelle politique globale de l’environnement envisagée
S’agissant de la mise en œuvre du principe pollueur, la ministre a indiqué que la loi existante est à changer, annonçant qu'elle a initié une loi cadre qui a déjà l’avis de la Cour suprême. Un texte, a-t-elle dit, qui permettra d’avoir une politique globale de l’environnement. « Il nous faut de nouveaux textes et de nouveaux décrets qui portent toutes ces mesures. Mais quels que soient ces textes que nous aurons, si l’homme qui est au centre ne se les approprie pas, dix ou quinze ans après, le problème demeurera et le Congo va se dégrader, et il y aura même au-delà, des cancers », a estimé la ministre. Là où le bât blesse, a-t-elle poursuivi, c’est le fait que les cadres de l’État ne peuvent pas concilier développement économique et protection de l’environnement, alors qu’il y a des procédures qui existent. Elle a déploré également la prolifération des sachets plastiques dans la ville, bafouant le décret présidentiel en la matière, précisant qu'on ne peut pas évoquer l'environnemment sans prise en charge de la santé. Or, a-t-elle dit, la population vit aujourd'hui de plein fouet les dégradations climatiques au travers des érosions qui sont les conséquences de la mauvaise gestion de l’homme qui crée des unités industrielles dans des zones qui dégradent l’environnement. Elle a, de ce fait, promis la délocalisation des entreprises implantées en zones urbaines. C’est aussi le cas des antennes de téléphonie mobile installées dans les administrations publiques, les écoles par exemple.
Face à ce comportement qu’elle a jugé néfaste, Arlette Soudan-Nonault s’est interrogée sur le type de collaborateurs qui jettent le caillou sur eux-mêmes. « Doit-on continuer comme ça ou devons-nous changer notre comportement ? Je vous laisse face à votre conscience », a-t-elle lancé, poursuivant: « Mes collaborateurs étouffent les vrais rapports. Ils sont passés du compromis à la compromission. C’est pour cela qu’à mon niveau, je sanctionne énormément. »
Une croisade nationale d’explication des textes sur l’environnement
Remerciant la ministre pour l’initiative prise, le préfet du département de la Bouenza, Jules Mounkala-Tchoumou, a préconisé qu'elle organise«une croisade nationale afin d’expliquer davantage les textes sur l’environnement pour qu’il y ait un meilleur respect de la règlementation; un meilleur contrôle des services administratifs ; une implication intelligente de la population pour dénoncer tout ce qui peut nuire à leur santé ».
Pleine d’amertume, la ministre a refusé les applaudissements nourris à la fin de son message. « Je ne vous demande pas de m’applaudir, je ne suis pas d’humeur à recevoir ces acclamations nourries et prononcées de façon pavlovienne où on a l’habitude de faire ça. J’ai beaucoup trop d’amertume. Vous m’excuserez », a conclu Arlette Soudan-Nonault.