Le sommet de haut niveau des parlementaires africains sur la recherche des solutions liées au financement de la santé et du sida s’est ouvert le 11 juillet, à Brazzaville, en présence de l’épouse du chef de l’Etat, Antoinette Sassou N’Guesso.
Plusieurs intervenants ont plaidé en faveur de la mise en œuvre des stratégies permettant d’accroître les financements publics pour la santé.
Des chiffres ont été avancés : 26,2 milliards de dollars américains en 2020, et 22,3 milliards de dollars en 2030. « Que faire pour trouver tant d’argent, lorsque l’Afrique ploie sous les effets pervers d’une crise aigüe ? Pour faire face à ces défis, l’engagement politique des décideurs et l’implication des parlementaires que nous sommes, institutions financières, humanitaires donateurs, fondations et partenaires du secteur privé, s’avèrent indispensables », a déclaré le président de l’Assemblée nationale, Isidore Mvouba, dans son allocution de circonstance.
Les pays, a-t-il poursuivi, se trouvent à un moment critique qui demande la mise en œuvre « des mécanismes de financement originaux d’un type nouveau » qui permettent de collecter des fonds pour faire face à cette pandémie. Il a estimé, en outre, qu’il est impérieux de poser les jalons d’un plan d’action d’urgence, susceptible de permettre aux parlementaires de relever un des grands défis des temps modernes en termes de santé publique.
En dehors de la redevance numérique de solidarité, le président de l’Assemblée nationale pense qu’il serait important d’approfondir les analyses sur l’idée de James Tobin, prix Nobel d’économie qui proposait déjà, en 1972, d’instaurer une taxe sur l’ensemble des transactions financières.
« Par notre génie collectif, nous devons mutualiser nos ressources pour que le sida cesse d’être une épidémie fatalement africaine, qui a tendance à être banalisée. Que cette maladie qui a connu un début au XX e siècle puisse connaître une éradication avant la fin du XXIe siècle », a lancé Isidore Mvouba.
Par ailleurs, il a dressé un état des lieux de l’épidémie du VIH/sida et des ripostes actuelles, défini les possibilités et les enjeux à venir, et justifié l’impératif d’investir suffisamment dans la lutte contre cette maladie qui, selon les statistiques, a déjà tué dix-sept millions de personnes en Afrique depuis son apparition.
De nombreux défis à relever…
Le président de l’Assemblée nationale a indiqué que les défis à relever sont nombreux car, « l’Afrique se doit de préserver sa pépinière juvénile, accélérer la mise en œuvre de ses politiques en matière de sensibilisation, de prévention, de dépistage et de traitement du sida ».
Isidore Mvouba a poursuivi: « Ce sommet est une réelle opportunité pour les pays de contribuer de façon historique à l’atteinte du triple objectif de l’OMS, dit stratégie 90, 90, 90, qui veut qu’à l’horizon 2020, 90% des personnes séropositives doivent savoir quelle leçon ; 90% des personnes infectées doivent recevoir un traitement antirétroviral et 90% des personnes traitées doivent avoir une charge virale durablement réduite ».
Parmi les maladies associées au VIH/sida, il a cité, entre autres, le paludisme, la tuberculose et les hépatites qui causent également de nombreux cas de co-infection. Il a rappelé que l’Afrique subsaharienne demeure la plus touchée avec un taux de prévalence estimé à près de 70% de l’épidémie mondiale. A ce rythme, l’Afrique, a-t-il avisé, « va perdre une bonne partie de ses forces vives, car plus de décès sur quatre dans le monde liés au sida surviennent en Afrique occidentale et centrale. Alors que quatre enfants sur dix qui succombent dans la maladie meurent dans la région ».
« Les progrès réalisés en la matière en Afrique australe et orientale ont montré qu’il est possible de faire reculer le sida, à condition que les financements suivent. Au plan mondial, le financement des initiatives de lutte contre le VIH/sida reste dérisoire dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. Le financement traditionnel mis à disposition par l’Etat, s’avère hélas insuffisant », a-t-il déploré.
Dans un contexte marqué par la crise économique, Isidore Mvouba a invité les experts en santé publique, les fondations et donateurs à trouver des solutions appropriées pour « sortir de la nasse » de cette terrible maladie.
En ce qui concerne le Congo, bien que de nombreuses difficultés restent à résoudre, le président de l’Assemblée nationale a souligné des efforts consentis dans la lutte contre le sida, avec la gratuité des antirétroviraux et celle des antipaludiques.
Le président de l’Assemblée nationale a rendu hommage à l’épouse du chef de l’Etat, présidente de la Fondation Congo Assistance, Antoinette Sassou N’Guesso, portée récemment à la tête de l’Opdad pour son engagement et son implication dans l’amélioration de la santé publique en Afrique et dans le monde.
D'autres intervenants comme Roger Nkodo Ndang, président du parlement panafricain ; Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS Afro ; Clémence Baré, directrice du bureau de liaison de l’Onusida auprès de l’Union africaine et de la CEA, ont tous plaidé pour la mise en place des mesures prioritaires dans la riposte au VIH/sida.