La ministre allemande de la Défense, proche de la chancelière Angela Merkel, a été confirmée, le16 juillet, à la présidence de cette commission.
Celle qui succède à Jean-Claude Junker a obtenu 383 votes. « Mon message à vous tous est le suivant : travaillons ensemble de façon constructive, car il s'agit d'une Europe unie et forte », a-t-elle dit, après son élection lors d'un vote à bulletins secrets au Parlement européen de Strasbourg. Le choix de la ministre de la Défense allemande a, en effet, crispé nombre d'eurodéputés, car les dirigeants de l'Union européenne (UE) avaient fait fi des candidats présentés par le Parlement. Le résultat très serré avec dix-neuf voix de plus que la majorité signifie que nombre de députés pro-européens ont refusé de lui accorder leur soutien malgré les consignes de leurs présidents de groupe.
En réponse à la forte mobilisation citoyenne des derniers mois, la nouvelle présidente de la Commission de l’UE, Ursula von der Leyen, a d’emblée promis un « Green deal européen dès les cent premiers jours de son mandat », avec la « première loi européenne pour le climat ». Objectif: faire de l’UE « le premier continent neutre en carbone dès 2050 » alors que le sujet est loin de faire l’unanimité.
Le principe, a-t-elle dit, sera inscrit dans la « première loi européenne sur le climat ». Et elle a confirmé son soutien à un objectif de réduction des émissions de CO2 de 50 à 55 % en 2030 contre les 40 % actuellement envisagés (et soutenus par son groupe politique, le PPE). L’ancienne ministre allemande de la Défense entend, par ailleurs, faire de la Banque européenne d’investissement une banque pour le climat et ainsi mobiliser mille milliards d’euros pour les dix années à venir. Un projet notamment porté par le président français, Emmanuel Macron.
Elle envisage aussi une taxe carbone aux frontières, proposition soutenue par la France depuis 2009 mais farouchement rejetée par l’Allemagne, dont l’industrie est fortement exportatrice. Et elle s’est engagée à étendre le marché carbone européen au secteur de la construction et des transports routier et maritime.
La nouvelle présidente de la Commission européenne, qui entrera en fonction en novembre pour un mandat de cinq ans, devra plus que jamais faire de l’écologie sa priorité. Le scrutin de mai dernier l’avait déjà clairement démontré avec une percée surprise des Verts notamment en Allemagne, en France, au Royaume-Uni, en Belgique ou encore aux Pays-Bas. Ils sont ainsi devenus la quatrième force politique au sein du Parlement européen avec soixante-quatorze sièges.
L’élection de Pascal Canfin, ancien directeur du WWF France, candidat sur la liste LREM, à la présidence de la commission Environnement est également un signal positif, d’autant que c’est désormais la plus fournie avec soixante-seize eurodéputés. « C'est le symbole que ce Parlement prend très au sérieux l'urgence climatique, la protection de la biodiversité et la santé des consommateurs. Il y a toujours une grande priorité dans un mandat : en 2009, c'était la crise financière ; en 2014, c'était la crise migratoire : ma conviction, c'est qu'en 2019 ce sera la crise climatique et la réponse à cette crise », a-t-il assuré.
Parmi les chantiers prioritaires qui attendent la nouvelle commission et à quelques semaines de l'organisation d'une conférence sur l'ambition climatique à l'ONU le 23 septembre, il faudra s'entendre sur une relève des engagements de réduction des émissions de CO2. Cependant, les vingt-huit campent toujours sur l'objectif de - 40 %, largement insuffisant pour respecter l'Accord de Paris. Le prochain mandat aura aussi à cœur de mettre en œuvre le paquet Énergie Climat 2030 alors que le premier bilan effectué en juin s'est révélé désastreux. Selon la Commission européenne, aucun État membre ne présente actuellement de plan national énergie-climat respectant intégralement les objectifs fixés. Enfin, elle devra aussi se pencher sur les normes de pollution des transports et trancher sur une éventuelle taxe Kérosène voulue par la France et défendue par quatre autres pays.