Les progrès ralentissent en matière de réduction des nouvelles infections à VIH, de réduction du nombre de décès liés au sida et d’élargissement de l’accès au traitement, a averti la directrice exécutive par intérim de l’Onusida, le 23 juillet, au siège de l’ONU, se basant sur le dernier rapport de l’agence.
« On s’imagine que le sida est arrivé à sa fin, mais ce n’est pas le cas. En 2018, nous constatons toujours une augmentation de nouvelles infections et quelque 770 000 morts liées au sida. Donc, c’est loin d’être terminé et la complaisance et l’idée que l’épidémie est terminée freine les progrès que nous avons menés à bien dans le monde », a expliqué Gunilla Carlsson, directrice exécutive par intérim de l’Onusida.
Quelque 23,3 millions de personnes à travers le monde ont accès à un traitement antirétroviral qui leur permet de s’épanouir et vivre pleinement, s’est félicitée Gunilla Carlsson, signalant toutefois qu’environ quinze millions de personnes attendent toujours d’accéder au traitement, dont la moitié des enfants qui en ont besoin. « Les populations-clés, qui constituent désormais 54% des nouvelles infections, les consommateurs de drogues injectables, les homosexuels et les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, les transgenres, les personnes faisant commerce du sexe et les prisonniers n’accèdent toujours pas aux services et aux soins », a-t-elle précisé, attribuant notamment cette lacune à la stigmatisation et la discrimination.
Selon la directrice par intérim, la lutte contre le VIH-sida est à un « moment précaire » où certains pays connaissent des progrès impressionnants alors que d’autres connaissent une hausse du nombre d’infections liées au VIH et des décès liés au sida notamment en Europe de l’Est, en Asie centrale, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Pour la première fois, les ressources mondiales disponibles pour la lutte contre le sida ont considérablement diminué. « S’ajoute à cela qu’en 2018, les ressources disponibles ont chuté de près d’un milliard de dollars, et il existe un manque de financement de 7 milliards de dollars à ce jour », a déploré Gunilla Carlsson.
Selon la cheffe par intérim de l’Onusida, les données du dernier rapport sont profondément inquiétantes et démontrent « qu’il ne sera pas possible de mettre fin au sida à moins d’investir de façon intelligente et adéquate ». « Nous avons besoin de nous concentrer sur les gens avant tout et non sur les maladies ; et nous devons donner des feuilles de route aux populations et dans les endroits qui ont été laissés pour compte », a expliqué Gunilla Carlsson, prônant une riposte basée sur les droits de l’homme. « Les investissements doivent être accélérés, car nous savons ce qui fait la différence : mettre les communautés au cœur de la riposte, répondre à ceux qui sont vraiment à risque », a-t-elle précisé.
Même si des efforts ont été déployés, le monde est loin de réaliser l’objectif de réduire le nombre d’infections à 500 000 d’ici 2020. Pour y parvenir, il faudrait, à en croire la cheffe de l’Onusida par intérim, « réduire les infections de 70% au cours des dix-huit prochains mois. Ce qui n’a jamais été fait auparavant », a-t-elle indiqué, en soulignant la nécessité d'un leadership politique.