La Journée internationale pour la conservation de l’écosystème des mangroves, qui est célébrée le 26 juillet de chaque année, a été adoptée par la Conférence générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) en 2015.
Les mangroves sont des écosystèmes rares, spectaculaires et prolifiques à la frontière entre la terre et la mer. Ces écosystèmes contribuent au bien-être, à la sécurité alimentaire et à la protection de communautés côtières du monde entier. Elles soutiennent une riche biodiversité et fournissent un habitat d'alevinière et de croissance précieux pour les poissons et les crustacés. Les mangroves agissent également comme une forme de défense côtière naturelle contre les ondes de tempête, les tsunamis, l'élévation du niveau de la mer et l'érosion. Leurs sols sont des puits de carbone très efficaces, séquestrant de grandes quantités de carbone.
Pourtant, les mangroves disparaissent trois à cinq fois plus vite que les pertes forestières mondiales globales, avec de graves impacts écologiques et socio-économiques. Les estimations actuelles indiquent que la couverture de la mangrove a été divisée par deux au cours des quarante dernières années.
En mars dernier, le Mozambique, le Malawi et le Zimbabwe venaient de connaitre l’un des plus graves désastres météorologiques de l’hémisphère Sud. Environ un millier de personnes ont été tuées par le cyclone Idai qui avait balayé l’Afrique australe. Alors que ces pays se remettaient à peine du passage d’Idai, un nouveau cyclone baptisé Kenneth, menaçait de faire des dégâts plus considérables. Kenneth fit plus de trente morts et détruisit près des milliers d’habitations dans les zones côtières de ces pays.
Le Mozambique, du fait de sa géographie, est particulièrement exposé à ce genre de catastrophes. Avec une longue façade maritime où se jettent plusieurs fleuves, il est voué à connaître toujours plus d’inondations du fait du changement climatique. Une situation particulièrement injuste quand on sait que le pays ne produit que 0,14 % des émissions de CO2 au monde. Sa production électrique est à 90 % issue d’énergies renouvelables, et 71 % de sa population vivent de l’agriculture de subsistance.
Plus généralement, de nombreux pays du Sud sont les victimes d’un changement climatique dont ils ne sont que peu responsables. La montée des eaux et les catastrophes naturelles menacent des dizaines de millions de personnes dans les grands deltas des pays du Sud. Le nombre de déplacés climatiques pourrait atteindre 150 millions en 2050, selon les estimations des experts.
C’est pourquoi il est essentiel, aujourd’hui, de protéger l’écosystème des mangroves, car sa survie est confrontée à de graves défis, allant de l’élévation alarmante du niveau des mers à une biodiversité de plus en plus menacée. Ni notre planète ni l’humanité ne peuvent se permettre de perdre cet écosystème si vital.
L’Unesco est engagé dans le soutien à la conservation des mangroves, tout en favorisant le développement durable de leurs communautés locales. L’inclusion des mangroves dans les réserves de biosphère, les sites du patrimoine mondial et les géoparcs mondiaux Unesco, contribuent à améliorer la connaissance, la gestion et la conservation des écosystèmes de mangroves dans le monde entier.
La conservation des mangroves plus précieuses que jamais
Le Programme des Nations unies pour l’environnement, le Kenya Forest Service, l’Institut de recherche sur la pêche et la marine du Kenya, ainsi que ses partenaires, ont récemment lancé le projet « Vanga Blue Forest » sur la côte kenyane, une initiative novatrice dont le but est d’échanger des crédits carbone issus de la conservation et de la restauration de la mangrove. ‘En juin 2019, le plan de gestion participative de la Vajiki Community Forest Association a été lancé à Vanga, dans le cadre du projet soutenu par le Fonds des Nations unies pour l’environnement dans le cadre du projet « Forêts bleues » du Fonds pour l’environnement et du programme de petites subventions pour les récifs coralliens de l’Initiative internationale pour les récifs coralliens.
Avec ce plan, les mangroves du comté de Kwale seront cogérées par le Kenya Forest Service et la Community Forest Association. ONU Environnement a contribué à élaborer le plan tandis que l’Institut de recherche sur la marine et les pêches du Kenya a fourni un appui technique à la communauté. Le plan de gestion comprend également la vente de crédits carbone sur le marché volontaire du carbone, vérifié par la norme d’échange de carbone de Plan Vivo. Elle s’appuie sur le succès d’un projet similaire mené à Gazi, une communauté située à quelques kilomètres au nord, qui négocie des crédits carbone pour la mangrove sur le marché volontaire du carbone depuis 2012.
Les estimations de la superficie totale des mangroves dans le monde varient, mais se situent entre douze et vingt millions d’hectares. Le projet Vanga ne couvre qu’un infime pourcentage de cette zone, mais étant donné leur caractère évolutif, il est possible de reproduire ce genre d’innovations dans le monde entier en y apportant des modifications locales.
Sur les 669 réserves que compte le Réseau mondial des réserves de biosphère de l’Unesco, 86 comprennent des mangroves. Nombre d’entre elles sont situées dans des pays en développement ou dans des petits États insulaires en développement, comme c’est notamment le cas pour la réserve de biosphère de La Hotte en Haïti, l’île de Principe à Sao Tomé-et-Principe, ou la mangrove de Can Gio au Viet Nam. La liste du patrimoine mondial de l’Unesco comprend la réserve des Sundarbans, la plus grande forêt de mangrove d’un seul tenant au monde, qui est partagée par le Bangladesh et l’Inde et abrite l’emblématique tigre royal du Bengale. Le Réseau mondial des géoparcs compte lui aussi des sites où se trouvent des mangroves, à l’image du géoparc de Langkawi en Malaisie.