Alors qu’un rapport de l’ONU alertait il y a quelques semaines sur les chiffres de la faim dans le monde qui repartent à la hausse, le World Ressources Institute (WRI) a lancé en juillet la version finale de son rapport intitulé « Créer un avenir alimentaire durable ».
Ce rapport de plus de cinq cents pages, réalisé en partenariat avec la Banque mondiale, le Programme des Nations unies pour l’environnement et le Pnud, propose des solutions pour nourrir la planète en 2050 sans la détruire. On estime que la population mondiale atteindra près de dix milliards d’habitants d’ici 2050. Ce nouveau rapport phare montre que le système alimentaire mondial doit subir des changements urgents afin de garantir à tous une alimentation suffisante. Pour cela, il faudrait être capable de faire les choses suivantes : - produire 56 % d’aliments en plus par rapport à 2010 en évitant d’utiliser six cents millions d’hectares de terres agricoles supplémentaires ; - Réduire de onze gigatonnes les émissions de gaz à effet de serre pour respecter l’Accord de Paris.
Pour parvenir à relever ce défi, le rapport propose un « menu » en cinq solutions : réduire la croissance de la demande alimentaire en réduisant les pertes et les gaspillages, en adoptant des régimes alimentaires plus sains ; accroître la production alimentaire sans élargir la superficie des terres agricoles en augmentant la productivité en agriculture et élevage ; protéger et restaurer les écosystèmes naturels en réduisant la déforestation, en restaurant les tourbières et en liant les gains de rendement à la conservation des écosystèmes ; augmenter les ressources halieutiques en améliorant les systèmes d’aquaculture et en gérant mieux la pêche ; réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant de la production agricole grâce aux technologies et à des méthodes agricoles innovantes.
Le rapport crée un avenir alimentaire durable et identifie également une série de cadres politiques, d'innovations et de mesures incitatives permettant de déployer ces solutions à grande échelle. Un grand nombre des conclusions du rapport utilise le nouveau modèle GlobAgri-WRR, qui mesure comment chaque « élément de menu » peut contribuer à accroître la disponibilité des aliments, tout en évitant la déforestation et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. « À tous les niveaux, le système alimentaire doit être lié aux stratégies climatiques, à la protection des écosystèmes et à la prospérité économique », a souligné Andrew Steer, PDG du World Ressources Institute. Quant à Laura Tuck, vice-présidente pour le développement durable à la Banque mondiale, elle a précisé lors du lancement du rapport : « Les financements publics devront si nécessaire être repensés pour soutenir une utilisation plus durable des ressources naturelles et mieux aligner la production alimentaire sur les objectifs de développement durable ».