Réunis dans la capitale économique de la Côte d'ivoire, du 5 au 6 août, Américains et Africains ont planché sur la relance de leurs échanges commerciaux en berne.
Le 18e Forum Agoa qui s'est tenu à Abidjan a rassemblé trente -neuf pays africains, les Etats-Unis, l’Union africaine et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Les Etats-Unis sont le troisième partenaire commercial de l'Afrique, derrière l'Union européenne et la Chine. À Abidjan, les Etats-Unis et l'Afrique subsaharienne se se sont penchés sur l’échec de la loi américaine Agoa (l'African Growth and Opportunity Act - Loi sur la croissance et les opportunités en Afrique), qui en éliminant les taxes douanières devait booster les échanges commerciaux avec l'Afrique.
Lancée en 2000, l'Agoa "n'a pas changé la donne pour de nombreux pays africains, comme nous l'espérions", a déclaré la représentante adjointe des États-Unis au commerce extérieur pour l'Afrique, Constance Hamilton. Malgré l’absence de droits de douanes sur 6500 produits (pétroliers, agricoles, textiles, artisanat...), les échanges commerciaux entre les deux parties patinent. Après avoir quadruplé de 2002 à 2008, où ils avaient atteint cent milliards de dollars, ils ont replongé à trente-neuf milliards de dollars en 2017, selon les chiffres de l'agence de développement américaine USAID. Pendant ce temps, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique est monté régulièrement pour atteindre les 170 milliards de dollars en 2017.
Echec de l’industrialisation
Si le solde des échanges entre les Etats-unis et l'Afrique a toujours été bénéficiaire pour cette dernière, ces résultats restent "faibles", juge Constance Hamilton. De plus, les produits pétroliers représentent les deux tiers des exportations africaines vers les Etats-Unis, alors que l'ambition du programme Agoa était de diversifier les échanges pour aider à l'industrialisation de l'Afrique subsaharienne, a-t-elle souligné. Dans le secteur textile, l'Afrique n'exporte que pour 1 milliard $ par an vers les Etats-Unis, soit à peine plus de 1% du total des importations américaines de ce secteur.
Un potentiel en-dessous
"L'évolution des échanges commerciaux entre l'Afrique et les Etats-Unis reste largement en dessous du potentiel", a déclaré également le ministre ivoirien du Commerce et de l'Industrie, Souleymane Diarrassouba. Il a souhaité "un bond quantitatif et qualitatif". Pour le président ivoirien, Alassane Ouattara, " il faut identifier les moyens de renforcer les opportunités commerciales offertes par l'Agoa (pour)tirer pleinement profit de l'accès au marché américain", qui souhaite tripler les exportations de son pays vers les Etats-Unis (de 1 à 3,5 milliards de dollars) d'ici 2025, date où ce programme prendra fin. Il a invité les Américains à investir davantage en Afrique subsaharienne. Cette zone n'attire qu'à peine 1% des investissements américains dans le monde, a-t-il souligné. Insuffisant pour contrebanlancer la Chine qui consacre 3% de ses investissements extérieurs au continent. Pour le représentant adjoint au Commerce américain, Curtis Joseph Mahoney, il est nécessaire pour les Etats-Unis et l'Union africaine de "travailler ensemble" à un "partenariat commercial plus étroit". Et ce, alors que la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlec) a été officiellement lancée début juillet, avec un démarrage effectif prévu en 2020. "Nous espérons, en temps voulu, un accord de libre-échange réciproque", a-t-il dit.