Espèces menacées : l’Afrique demande l'interdiction de la revente d'ivoire à l’Europe et au Japon

Mercredi, Août 28, 2019 - 07:30

Huit pays d’Afrique demandent à l’Union européenne (UE) et au Japon, - les deux derniers pays à l’autoriser - d’interdire tout commerce d’ivoire sur leurs territoires.

Au Japon
Le Japon est particulièrement dans le collimateur. Le commerce de l'ivoire y est florissant. En cause, des stocks constitués au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Ainsi que des achats autorisés par les instances internationale, notamment un achat de 50 tonnes en 1999 au Zimbabwe, au Bostwana et et en Namibie. Un besoin lié à une tradition millénaire : le hanko. C’est un sceau officiel, enregistré, qui vaut signature. Les Japonais l’utilisent en toutes occasions, triviales ou au contraire très officielles.
Parmi ces sceaux, le jitsuin possède la plus haute valeur juridique." Il est nécessaire pour l’achat d’un bien immobilier, contracter un prêt ou rédiger un testament", explique  le site nippon.com. Le jitsuin est l’objet d’une attention toute particulière. Il est réalisé en matière noble, et en ivoire en particulier, considéré comme un porte-bonheur. Ainsi 80 % des stocks japonais d’ivoire passeraient dans la confection de ces sceaux, selon le site Japanisation.org.
La campagne  "je ne choisis pas l’ivoire" a été lancée en 2019 afin de sensibiliser les Japonais à la confection des hanko dans un autre matériau.
Pour David Shepherd de Wildlife Foundation (DSWF), tolérer ce commerce national créerait un appel d’air pour le trafic : "Le maintien d'un marché de l'ivoire crée des opportunités deblanchiment d'ivoire illégalement acquis, pose des problèmes de suivi et d'application (...) et compromet les interdictions dans d'autres pays en fournissant un débouché alternatif aux fournisseurs et trafiquants".

En France
Les défenses d’éléphant et les cornes de rhinocéros à l’état brut sont interdites à la vente. Si le commerce intérieur de l’ivoire est encore possible, il ne peut porter que sur des objets confectionnés avant le 2 mars 1947. "C'est au possesseur de l'objet composé d'ivoire ou de corne, de justifier de son ancienneté par tout moyen d'expertise et si besoin, par radio-radiation", explique Renaud Bernard, journaliste au Particulier. Le commerce d’ivoire en France semble donc être très limité et étroitement surveillé.
Le commerce international de l’ivoire est interdit depuis 1989. Pourtant, cela ne suffit pas aux yeux de certains pays et d’ONG, qui étaient présents à Genève en Suisse, participer à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).
Car malgré son interdiction, le trafic, et donc le braconnage, se poursuivent "au vu et au su de la communauté internationale". Un braconnage responsable, selon le WWF, de deux décès d’éléphants d'Afrique sur trois.

Noël Ndong
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