La résurgence des combats dans l’extrême nord-est du pays a conduit plus de mille déplacés à se réfugier aux alentours de la base de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) à Birao, a-t-on appris.
Pour chercher à ramener la paix et sécuriser la population civile, à la suite des affrontements qui ont opposé, le 1er septembre, deux groupes armés signataires d’un accord de paix conclu avec le gouvernement début février, les casques bleus effectuent des patrouilles dans la ville. Un premier bilan, transmis le même jour par un haut-responsable de l’ONU dans le pays, faisait état « d’au moins deux morts ».
Le chef militaire du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), Abdoulaye Hissène, a assuré que « la situation est désormais stable ». Son homologue du Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), Ali Abderamane, a confirmé que l’accalmie était déjà effective dans les alentours de Birao, même si certaines sources humanitaires notent que « le climat reste tendu », puisque que les deux groupes armés se font toujours face dans la ville.
Les affrontements entre le MLCJ et FPRC ne sont pas les premiers du genre depuis la signature de l’accord de Khartoum. Les deux groupes armés, tous issus de l’ex-Séleka, s’étaient déjà affrontés le 14 juillet dans le village d’Am-Dafock, à la frontière du Soudan, à 60 km de Birao. Un affrontement provoqué par l’arraisonnement d’une cargaison d’armes appartenant au MLCJ par des éléments du FPRC, qui avait causé la mort de huit miliciens : quatre dans chaque groupe.
A Bangui, la capitale, ainsi que dans les provinces, les habitants dénoncent l’attitude actuelle de la force onusienne, soulignant que sa position aujourd'hui est difficile à concilier avec son mandat de protection de la population civile. Ils font ce constat sans oublier que les troupes de la force internationale étaient intervenues pour dégager le corridor économique Cameroun-République centrafricaine, qui était temporairement bloqué par les miliciens du Front démocratique du peuple centrafricain (FPDC) d’Abdoulaye Miskine. La population déplore également le fait que la Minusca n’avait pas utilisé la force contre les éléments du groupe 3R, responsables du massacre de quarante-six civils, le 22 mai, à Paoua, dans le nord du pays. Ce qui avait suscité l’incompréhension de nombreux Centrafricains, qui attendent des mesures plus fermes pour mettre un terme aux exactions.
Déchirée par les violences depuis le renversement du président François Bozizé en 2013 par une coalition promusulmane (ex-Séléka), entraînant une contre-offensive de milices prochrétiennes autoproclamées d’« autodéfense » (antibalaka), la Centrafrique est loin de renouer avec la paix. En témoigne le fait que l’accord de sortie de crise préparé depuis 2017 par l’Union africaine, signé en février à Khartoum, est le huitième du genre depuis le début de la crise. Et aucun des précédents accords n’a abouti à un retour de la stabilité, dans un pays où les groupes armés contrôlent 80% du territoire et se battent pour la mainmise sur les ressources naturelles. Une situation qui a contraint près d’un quart des 4,5 millions d’habitants de la Centrafrique à fuir leur domicile.