Comment se présente le paysage médiatique en Chine ? La question n’est pas inutile au regard des critiques et des commentaires que suscite ce pays en raison de son système politique socialiste et de son modèle de démocratie aux antipodes du système occidental.
Le séminaire d’échanges auquel une soixantaine de journalistes africains, issus des pays francophones, a été invitée vise à évacuer les préjugés entretenus sur les médias chinois. Organisateur de ce séminaire, le Centre de formation du groupe international de publication de Chine (CIPG Training Center) a ciblé plusieurs médias et organes de presse basés à Beijing dans la province du Sichuan située au sud-ouest de la Chine.
Parmi ceux-ci, il y a Radio Chine internationale (RCI), Startimes, le Groupe de presse du quotidien de la province de Sichuan, Radio et Télévision de Sichuan (RTS) et Sichuan Newsnet Media Group. Ici et là, il a été permis aux journalistes africains de comprendre le statut de ces médias, leurs lignes éditoriales, leur mode de fonctionnement, les ressources financières, les programmes, la relation avec le public, voire le plan de développement. « Contrairement à bien de pays africains et occidentaux, les médias chinois appartiennent tous à l’Etat. Cependant, les journalistes et les consommateurs ont une importante responsabilité dans la mise en œuvre des programmes », a reconnu un confrère du Sénégal. En effet, un rédacteur d’un média visité a précisé : « la RTS dépend directement de la province de Sichuan. Mais elle collabore avec la CCTV qui est la chaîne nationale (Centrale) dont elle relaie certaines émissions et à qui elle renvoie des productions locales.»
Au-delà, les journalistes africains ont apprécié la diversité des programmes orientés essentiellement vers l’information des citoyens sur la vie du pays et les grands défis au niveau provincial. « Rien ne sert pour nous de faire comprendre le monde aux citoyens chinois s’ils n’ont aucune maîtrise de l’évolution de leur pays ou s’ils restent déconnectés de l’action publique », a répondu une responsable d’une rédaction interpellée par un journaliste africain. Puis d’ajouter : « Le journal de Chengdu, par exemple, est centré sur la vie de cette ville. Qu’il s’agisse du transport, des loisirs, de la météo ou de l’aménagement de la ville. La consigne est de les faire réagir à nos programmes à travers les plates-formes numériques que nous appelons ici ‘’Observation de Chengdu »
A côté des interrogations qu’ils ont suscitées, cet échange a interpellé les professionnels des médias africains. Comme ce confrère du Congo Brazzaville qui a compris que la presse chinoise a une responsabilité citoyenne et reste au service du développement du pays. « Ici, la presse n’est pas dans cette hystérie de la dénonciation ou de la critique aveugle. J’ai l’impression que c’est une presse qui anticipe les scandales et qui, par son travail, jette un pont entre les dirigeants et les populations dans une démarche d’action participative », a commenté cette autre consœur de Guinée Conakry. « Chaque pays ou chaque peuple a la presse qu’il mérite », avait écrit un expert des médias. Le séjour des journalistes africains en Chine est une invite à repenser le rôle du journalisme dans ce continent rongé par mille et un problèmes tels le chômage, les inondations, l’inflation, les épidémies, la criminalité en milieu urbain et bien d’autres phénomènes qui freinent l’émergence et l’harmonie entre les communautés.
Rappelons que, bien qu’étant un canal d’information, les groupes médiatiques chinois sont également un espace et des vecteurs de formation permettant ainsi de suivre le comportement des individus tout en leur permettant de mieux comprendre l’environnement dans lequel ils vivent et de s’épanouir. Epousant ainsi la nouvelle ère, celle du numérique, les médias chinois essaient de répondre directement aux attentes des populations avec la possibilité pour celle-ci d’agir grâce à une interactivité.