Revendications sociales : le personnel du BCBTP réclame ses droits

Vendredi, Septembre 6, 2019 - 16:00

Des négociations collectives ont été ouvertes, le 6 septembre à Brazzaville, aux fins de trouver, dans une approche concertée, des réponses aux problèmes qui minent le secteur.

Les pourparlers, sous la direction du ministère de l’Equipement et l’arbitrage ministère du Travail, se déroulent sous fonds de tensions. Après plusieurs malaises, le personnel du Bureau de contrôle du bâtiment et des travaux publics (BCBTP) est monté au créneau pour trouver gain de cause.

Avec en toile de fond, le paiement inconditionnel des sept mois de salaires ; le paiement des salaires à partir de ce mois de septembre à l’indice 300 tel qu’engagé par le Trésor public ; le rétablissement des avancements avec effet financier ; la mise à disposition des bulletins de paie aux agents ; l’élaboration d’un échéancier de paiement des dettes sociales (décès et retraite), à compter du mois en cours.

Notons que cette entreprise accumule, depuis 2008, une dette de plus d’un milliard francs CFA à la Caisse nationale de sécurité sociale. Pour venir à bout de cette situation, elle s’est engagée à verser 3 500 millions frans CFA. Mais en attendant, les agents à la retraite en pâtissent.

Dénonciation de la mauvaise gestion

Au nombre de ces revendications s’ajoutent le rétablissement du fonctionnement normal des bureaux des sections syndicales du BCBTP ; le rétablissement sérieux d’un climat social serin au sein de l’entreprise ; la réalisation d’un audit complet par un organisme indépendant.

Les travailleurs de cet établissement exigent unanimement le paiement des primes de chantier ; et enfin, l’arrêt des menaces de licenciement prôné par le staff contre les travailleurs sous prétexte de déstabilisateurs.

Ils dénoncent également la mauvaise gestion des ressources générées par diverses prestations par la direction générale affectant gravement la bonne marche de l’entreprise.

« Ces problématiques qui ont entraîné les travailleurs du BCBTP à observer un arrêt concerté et collectif de travail le 29 août, trouvent leur base de validité sur le fondement de l’amélioration des conditions générales de travail, nonobstant son caractère illicite pour cause de non-respect des règles procédurales édictées par le législateur », a affirmé Frédéric Manienze, directeur de cabinet du ministre de l’Equipement et de l’entretien routier.

Ces doléances contenues dans le cahier de revendications professionnelles et collectives ont été transmises, le 3 septembre, à la direction générale du BCBTP.

Selon son directeur général, Pierre Nkoua, cette entreprise est en proie à des difficultés financières graves, notamment une période de vaches maigres connue, a-t-il dit, par toutes les entreprises à budget de transfert. Une situation contraignante, a-t-il souligné, affirmant, pour se dédouaner, avoir hérité d’une situation déséquilibrée.

En 2012, le BCBTP a encaissé deux milliards deux cents millions francs CFA et a généré trois milliards francs CFA en 2013. Deux ans après, il a connu « une chute vertigineuse » du chiffre d’affaires, a expliqué son directeur général, en deçà même des charges fixes de l’ordre de neuf cents millions francs CFA, avec une masse salariale de cinq cents millions francs CFA.

Les travailleurs peu convaincus par la justification de la direction

Une raison peu valable pour le personnel qui souligne que la subvention d’équilibre assurée par le Trésor public est payée à l’indice 300 depuis janvier 2018 et que le BCBTP a recouvré, courant 2018, 399 000 000 F CFA auprès de la SGE-C.

Après avoir brossé l’état de l’entreprise, les travailleurs estiment que sa santé financière n'est pas à décrier. Pourtant, nombre d’entre eux ignorent les raisons de ces impayés. « Dans les comptes du BCBTP il y a de l’argent. Nous en avons la preuve », a assuré le représentant du collectif des travailleurs de l'entreprise, Thibault Mongo. « Il a des atouts pour pouvoir supporter toutes les charges. Le BCBTP travaille », en témoignent « les missions de service que fait le staff à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, traduisant ainsi la capacité financière du BCBTP à assurer son fonctionnement normal », a-t-il soutenu.

Pour la période allant du 30 avril au 20 juin de cette année, le montant total des encaissements s’élève à 421 405 068 F CFA pour la production vendue, 73 448 528 F CFA pour la subvention antérieure et les créances antérieures à ce trimestre s’élèvent à 10 904 762 F CFA.

« Il revient à présent aux parties contractantes de concilier les exigences contradictoires pour aboutir à des résultats consensuels », a dit Frédéric Manienze. Et d’insister : « Tous les moyens devront donc être mis en œuvre pour faciliter l’émergence d’un accord. Vous êtes appelés à vous concentrer sur les intérêts en jeu et non sur les positions ou les querelles de personnes ».

Pour l’instant, difficile de calmer les ardeurs au regard des charges retenues contre l’entreprise. Entre lueur d’espoir et mécontentement, une accalmie est observée jusqu’à nouvel ordre. Le rendez-vous a été pris pour le 11 septembre en vue de tenter de dénouer cette situation qui plongera sans doute le BCBTP dans l’inertie. Il sera donc nulle question de mettre le feu aux poudres mais plutôt de jouer franc jeu.

Josiane Mambou Loukoula
Légendes et crédits photo : 
La photo de famille après l'ouverture des négociations
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