L’ex-chef rebelle sud-soudanais a foulé le sol de la capitale, le 9 septembre, après un an d’exil à Khartoum. Il doit être reçu par l’actuel président pour tenter de faire avancer le processus de paix, a-t-on appris.
Le chef de l’Etat sud-soudanais, Salva Kiir, va avoir une « rencontre en face-à-face avec le Premier vice-président désigné, Riek Machar », a confirmé le gouvernement sud-soudanais. La visite devrait durer deux jours. Elle intervient alors que se rapproche la date limite, fixée à début novembre, pour la formation d’un gouvernement transitoire d’union nationale, point-clé de l’accord de paix signé, en septembre 2018, à Addis-Abeba. Le texte prévoit notamment la nomination de Riek Machar au poste de vice-président.
Selon les termes de l’accord, le gouvernement du pays devait initialement être formé en mai, cependant, inquiet des conditions de sécurité à son retour à Juba, Riek Machar avait obtenu un délai de six mois supplémentaires. Il est finalement arrivé à Juba, précédé par deux avions transportant une large délégation d’une soixantaine de personnes.
Le 8 septembre, le ministre de l’Information, Michael Makuei, avait déclaré que Salva Kiir et le vice-président évoqueraient « toutes les questions en suspens concernant le processus de paix et la manière d’aller de l’avant ».
« Nous attendions ce moment depuis longtemps. La seule manière d’aller de l’avant était que les deux se rencontrent. Il est tout à fait possible de former un gouvernement d’union nationale, mais ils devront trouver de nouveaux accords politiques pour cela », a-t-il déclaré.
Alan Boswell, expert à l’International crisis group, a estimé que des discussions directes entre les deux hommes sont le seul moyen de faire avancer les choses, soulignant que si les deux dirigeants sud-soudanais échouaient « à trouver un moyen d’avancer en se parlant directement, alors on peut s’attendre à une crise majeure ».
Le président Salva Kiir et Riek Machar ne se sont pas vus depuis une rencontre au Vatican, en avril. Quant à leur pays, il a sombré dans la guerre civile en décembre 2013, deux ans après son indépendance du Soudan, lorsque le président sud-soudanais, un Dinka, a accusé Riek Machar, alors son vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.
Si l’accord de paix conclu, en septembre 2018, a entraîné une forte baisse des combats, il faut signaler que les affrontements n’ont pas complètement cessé. Le délai négocié en mai devait notamment permettre de procéder au cantonnement des combattants et à leur intégration dans une armée unifiée, mais peu de progrès ont été enregistrés depuis.
Une étude récente estime que le conflit entre les partisans de Riek Machar et l’armée régulière a fait plus de trois cent quatre-vingt mille morts, et poussé plus de quatre millions de Sud-Soudanais, soit près d’un tiers de la population, à quitter leurs foyers.