Le modèle de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac), peu profitable au regard des frontières, des langues et monnaies communes, montre que le commerce intra-zone est inférieur à deux cents millions de dollars. Une réalité qui implique un optimisme prudent quant à la stabilité du franc CFA.
Le franc CFA, monnaie utilisée dans deux régions africaines, est garanti par le Trésor français et arrimé à l’euro. Bien que la baisse des prix des matières premières en 2014 ait révélé des vulnérabilités, la situation n'est pas comparable à celle de 1994, lorsque le franc CFA, qui aura 75 ans en 2020, avait été dévalué de 50% dans les zones occidentales (Uémoa) et centrale (Cémac).
En examinant l’intégration commerciale entre les Etats membres, la mobilité de la main-d’œuvre, le risque de surévaluation du franc CFA, la viabilité de la dette et les réserves de change de la zone (critère de la zone monétaire optimale), des signes de surévaluation de la monnaie dans la région –principalement en Centrafrique, au Gabon et au Congo- ont été constatés par Stéphane Colliac, économiste Senior en charge de l’Afrique et de la France, chez Euler Hermes, et son assistant Chris-Emmanuel Blé, auteurs du rapport intitulé « Le franc CFA a 75 ans : les pays d'Afrique centrale sous pression ».
Selon eux, la zone Cémac est sous pression. « Notre modèle montre que le commerce intra-zone est inférieur de deux cents millions USD à ce qu’il pourrait être étant donné les frontières, langues et monnaies communes. On constate des signes de surévaluation de la monnaie dans la région (principalement en RCA, au Gabon et en République du Congo) en raison de la baisse des prix du pétrole. Cela a conduit à une augmentation de la dette publique et à une baisse du ratio des réserves de change M2 au-dessous du seuil de 20% en République du Congo et au Tchad », argumentent-ils.
Malgré ces fragilités, une rupture ou une dévaluation dans les cinq prochaines années est peu probable, garantissent-ils, avant d’expliquer :« Si les prix du pétrole devaient chuter pendant longtemps à trente dollars américains / baril, la région ne pourrait éviter une dévaluation, mais une dissolution resterait improbable. L’adhésion au franc CFA est une solution institutionnelle qui garantit la stabilité des prix à ses membres. Toute sortie serait plus un choix politique qu’économique ».
La zone Uémoa (Union économique et monétaire ouest-africaine) est sous contrôle, estime le rapport. Dans cette région, la dette publique a augmenté mais reste gérable, la parité du franc CFA ne semble pas surévaluée et le niveau des réserves est suffisant. Cependant, les pays membres ne tirent pas le meilleur parti de cette union monétaire, car les flux commerciaux intra-zone sont inférieurs à ce qu'une union monétaire devrait engendrer dans cinq pays sur huit. L'accord commercial de la Cédéao et le projet de devise éco avec des pays anglophones voisins, tels que le Ghana et le Nigeria, changent la donne. Pourtant, concluent les auteurs du rapport, le franc CFA pourrait bien célébrer son 100e anniversaire avant que l’éco ne le remplace.