L'ouvrage de 176 pages, publié aux éditions L'Harmattan, est le premier roman de l'auteur qui y relate la tragédie des Grands Lacs en général et du Congo en particulier, où, explique-t-il, le viol a été érigé en arme de « Déstructuration massive » et les violences faites à la femme se sont installées dans une normalité, voire une banalité malsaine.
" Une vie après le Styx" retrace la vie de Sifa, une jeune fille congolaise prise dans les affres des atrocités de la guerre du Congo et de la vague des conflits de l'Afrique des Grands Lacs. Eric Ntumba y retrace son calvaire, la dureté de sa condition de captive, l'esclavage sexuel auquel elle est soumise puis son évasion et le début d'un long travail de reconstruction à Panzi. À travers ce roman, explique la maison d'édition, l'auteur aborde des thèmes divers comme l'acculturation des classes moyennes africaines, la coexistence des religions modernes avec les pratiques animistes, les débats sur l'avortement, la condition féminine ou encore l'homophobie.
En rédigeant ce roman, Eric Ntumba dit avoir voulu offrir «une sépulture intemporelle, un cimetière de mots » à toutes les victimes des guerres du Congo. « Parce que je sais, sans comparaison aucune, que je n’ai pas découvert les guerres napoléoniennes dans des livres d’histoire mais en lisant Tolstoï… Je sais aussi que c’est "Au cœur des ténèbres " de Conrad qui a jeté la lumière sur les atrocités commises dans l’État indépendant du Congo… Je connais le poids des récits, des écrits dans la formation de la conscience et de la mémoire collective », fait savoir l'auteur.
Cet ouvrage, poursuit-il, est donc la réponse à une tension interne de savoir comment les générations futures découvriraient le drame congolais dans un siècle, par la plume d’un observateur externe bien loin de la prophétie de Lumumba appelant que notre Histoire soit écrite par nous et au Congo.« C’est donc en combinant ma passion pour les mots (exprimées longtemps par des compositions rap, puis des poèmes) et la fiction romanesque au devoir de mémoire qui s’imposait à moi comme une évidence que j’ai pris ma part de responsabilité . A l’aune des grandes manœuvres politiques et des moments historiques que nous traversons collectivement, avec leurs aléas et soubresauts, il m’est apparu nécessaire de rappeler que le renouvellement des élites attendues ne saurait être que politique ou économique. Le pari du changement que nous attendons est d’abord un défi culturel, et j’espère par ce roman contribuer un peu, car chacun devra faire sa part, à la renaissance des belles lettres congolaises », souligne Eric Ntumba.
Ce dernier, né en 1982, a effectué des études universitaires en technologies de l'information à la North West University (Afrique du Sud), avant d’intégrer le cycle international long de la promotion Willy Brandt de l'ENA (France), où il a obtenu un master en administration publique (Summa Cum Laude). Il est retourné en République démocratique du Congo en 2008, où il a entamé une carrière de banquier d'affaires.