Venu tardivement à l’écriture, l’écrivain algérien nous parle des quatre livres qu’il a publiés cette année et de la situation de la littérature de son pays. Entretien.
Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Dilmi Athmane, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Dilmi Athmane (D.A.) : Je me nomme Dilmi Athmane, né le 20 septembre 1954 à Boufarik. Je suis marié et père de quatre enfants, tous majeurs. Après des études secondaires, j’ai exercé, pour une période de quatre années, le métier d’enseignant francisant (de 1973 à 1977). A la fin de l’année 1977, j’ai dû quitter l’enseignement que j’aimais beaucoup, à cause des contraintes professionnelles. J’ai exercé dans le corps de la police de septembre 1977 jusqu’à mon départ à la retraite en décembre 2005, avec le grade de commissaire principal de police. Tout en exerçant mes activités professionnelles, j’ai poursuivi également des études de droit.
L.D.B.C. : Qu’est-ce qui a motivé votre choix de devenir écrivain ?
D.A. : Durant mon enfance, je rêvais d’exercer les métiers d’enseignant, de flic, d’écrivain et d’acteur de cinéma. Le destin a voulu que les trois premiers vœux soient exaucés. Le quatrième est irréalisable, mais peut-être verrai-je un jour, l’un de mes ouvrages adaptés au cinéma ou bien dans le théâtre. Pour revenir à votre question, la passion d’écrire je l’ai héritée depuis ma tendre jeunesse, je lisais trop. L’écriture me permet d’extérioriser toutes les peines engrangées intérieurement depuis mon enfance et j’en suis ravi. L’être humain doit laisser son empreinte positive aux générations futures comme l’ont fait nos prédécesseurs.
L.D.B.C. : Parlez-nous succinctement de vos différentes publications ?
D.A. : Durant l’année en cours, la maison d’édition Edilivre m’a ouvert ses portes. Je ne m’attendais pas à voir le premier recueil de contes " Les contes de ma mère" publié ; c’était une simple tentation, mais lorsque j’ai reçu leur accord, je me suis dit: « Tiens, tout est possible ».
Mon premier livre est un recueil de contes du terroir maghrébin se composant de quelques histoires qu’aimait narrer ma mère durant les nuits glaciales d’hiver. C’était la guerre, les pauvres n’avaient pas les moyens de distraction comme la télévision et la radio, d’ailleurs il n’y avait même pas l’électricité. Les histoires se rapportaient toujours sur le loup, le renard, l’ogre, le lion…
Dans le deuxième ouvrage, " Le rêve d’un imbécile exaucé ", il s’agit d’un jeune homme atteint d’imbécillité qui fait un beau rêve. Il recouvre ses facultés mentales, suite à une cure chez un ermite ; il se retrouve finalement l’époux de la princesse, gouverneur puis conseiller du sultan. Le matin, sa maman le réveille brutalement, il se lève complètement guéri de son imbécillité.
La troisième publication, "Après la grisaille, l’éclaircie ", est mon autobiographie par laquelle j’expose les différentes étapes de ma vie : ma naissance quarante jours avant le déclenchement de la révolution, la pauvreté de mes parents, ma scolarité, mon cursus professionnel, la décennie noire…
Enfin, mon tout dernier livre est intitulé " Voyage dans le monde des djinns et de la sorcellerie". Toutes les religions reconnaissent l’existence de ce monde parallèle, invisible. J’ai abordé ensuite l’histoire d’une sorcière qui a profané la tombe d’un nouveau-né décédé et mutilé son corps pour exercer un rite diabolique. Les sorciers ont recours aux djinns pendant l’accomplissement de leurs sordides besognes. Pour moi, c’est une manière de passer de l’imaginaire réaliste au merveilleux.
L.D.B.C. : L’Algérie, comme le Congo-Brazzaville, est un pays qui a offert au monde francophone d’illustre écrivains, à l’exemple de Mouloud Feraoun. Comment appréciez-vous la situation actuelle de la littérature algérienne d’expression française ?
D.A. : Effectivement l’Algérie, comme le Congo-Brazzaville, a toujours offert un nombre important d’écrivains au monde francophone, à l’instar de Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Mohamed Dib, Kateb Yacine et continue actuellement à le faire avec la percée de Yasmina Khadra et beaucoup d’autres. La culture algérienne continue toujours d’avancer, malgré les insuffisances existantes dans le domaine de l’édition quand on sait que la majorité des maisons d’édition existantes relève du secteur privé. Le nouvel auteur algérien de langue française rencontre énormément de difficultés pour éditer ses ouvrages, car il est inconnu du public ; il est contraint alors d’aller voir ailleurs, plus particulièrement en France.
L.D.B.C. : Notre rédaction vous souhaite joyeux anniversaire et bon vent.
D.A. : Immense merci pour votre témoignage fraternel !