Les opérateurs économiques évoluant dans les secteurs protégés par l’État, en l’occurrence la cimenterie, la brasserie, la sucrerie et la sidérurgie, font état d’une absence flagrante d’application de l’interdiction d’importation des produits étrangers similaires à partir des pays limitrophes. Par conséquent, les effets des mesures protectrices restent mineurs sur le terrain.
Le gouvernement de la République, à travers le ministère du Commerce extérieur, s’est dit dernièrement attaché à la poursuite des efforts de protection de l’industrie locale et des consommateurs. En effet, l’entrée massive des produits manufacturés étrangers représente un risque réel tant pour la croissance de l’industrie locale que la santé des consommateurs. Si certains acquis des dernières négociations entre le gouvernement et les opérateurs des secteurs concernés résistent encore, notamment le respect strict de la structure des prix convenue pendant la période d’application des mesures de protection, il va sans dire que la situation ne s'est pas déroulée de la manière prévue sur le terrain. Cette question a constitué, d’ailleurs, l’ordre du jour du dernier échange entre le ministre du Commerce extérieur, Jean-Lucien Bussa, et les opérateurs économiques concernés décidés à obtenir des nouvelles concessions des dirigeants congolais.
Pour évaluer les effets possibles des mesures de protection sur l’industrie locale, les opérateurs économiques ont articulé leurs arguments dans trois principaux domaines : l’évolution de la production, la pénétration du marché et la réception de leurs produits par les consommateurs. « A l’instant, les activités marchent tant bien que mal dans certains endroits mais dans d’autres, elles ne sont pas assez effectives. Nous nous sommes convenus de nous retrouver encore plus tard, pour des propositions concrètes sur ce qui doit être fait afin que ces mesures soient totalement effectives », a souligné Laurent Bukassa de la société brassicole Bralima.
Du côté des cimentiers également, l’on rappelle volontiers que le prix de référence était établi à dix-huit dollars américains en juillet 2016, avant de passer finalement à moins de dix dollars actuellement. Il s’agit d’une réponse claire à ceux qui doutent encore de la compétitivité des cimenteries locales.
Entre-temps, le débat est de nouveau relancé, car les opérateurs économiques veulent réellement se faire entendre sur plusieurs dossiers brûlants, comme la multiplicité des taxes et impôts. Pour le seul secteur de la cimenterie, l’on identifie pas moins de soixante-deux taxes de toutes sortes. Aussi les incitations sollicitées impactent-elles positivement le prix du ciment sur le marché national. En réponse directe à ces sollicitations, le gouvernement de la République poursuivra ses efforts de protection de l’industrie locale. Par ailleurs, il livre sa position sur certains points spécifiques. Dans le secteur de la sidérurgie, il appelle à une hausse de la production intérieure pour réduire la dépendance à l’importation de certains produits comme la barre de fer. De même, il souhaite une pérennisation de la production du sucre, mais des négociations seront nécessaires avec les opérateurs importateurs de ce produit pour planifier au mieux les dérogations à ces arrêtés ministériels. Nous y reviendrons.