La rencontre du 23 septembre, dans l'archipel du centre de la Méditerranée, a permis aux ministres de l’Intérieur de cinq pays de l’Union européenne (UE) de s’accorder sur un mécanisme de répartition automatique des migrants.
Les ministres de l'Intérieur allemand, français, italien, finlandais (en tant que président tournant de l'UE) et maltais ont élaboré un système qui permettra aux pays européens volontaires de se répartir de façon systématique les personnes secourues en mer, en particulier par les organisations non gouvernementales. Ce dispositif vise à mettre fin aux négociations au cas par cas à chaque sauvetage opéré en Méditerranée.
Le texte, qualifié de « base d'accord » et dont le contenu n'a pas été dévoilé en détail, sera soumis pour approbation à l'ensemble des pays de l'UE, lors d'un conseil européen « Affaires intérieures », au Luxembourg, le 8 octobre.
Ardemment réclamé par l'Italie, qui accuse ses partenaires de ne pas l'avoir soutenue face à la crise migratoire, le mécanisme de répartition se veut temporaire dans l'attente de la renégociation du règlement de Dublin, qui confie le traitement des demandes d'asile au pays d'arrivée.
Cette règle est jugée injuste parce qu'elle fait reposer, pour de simples raisons géographiques, le fardeau de l'accueil sur l'Italie, la Grèce, l'Espagne ou Malte, principales portes d'entrée des migrants.
Soutenu par plusieurs pays, à commencer par la France et l'Allemagne, et coordonné par la Commission européenne, le nouveau système doit « garantir à l'Italie ou à Malte, que leurs partenaires puissent rapidement prendre en charge les personnes débarquées et avoir une organisation plus solidaire et efficace », a déclaré, le 18 septembre, le président français, Emmanuel Macron, lors d'un déplacement à Rome.
Paris et Rome, qui ont affirmé à cette occasion leur unité après des années de dissensions sur cet épineux dossier, défendront désormais au sein de l'UE « une position commune pour que tous les pays participent d'une façon ou d'une autre » à l'accueil « ou bien soient pénalisés financièrement », a expliqué Emmanuel Macron.
Avec l'arrivée du nouveau gouvernement formé par le Parti démocrate (gauche) et le Mouvement "5 Etoiles" (antisystème), l'Italie a assoupli sa politique migratoire après la série de mesures anti-migrants prises par l'ancien ministre de l'Intérieur, le souverainiste Matteo Salvini.
Rome a ainsi rouvert ses ports que l’ancien ministre de l’Intérieur avait fermés aux navires de sauvetage en mer.
Au cours d'une réunion informelle en juin, à Paris, des ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur, une quinzaine de pays avaient donné leur accord à la création d’un « mécanisme de solidarité européen », dont huit (France, Allemagne, Portugal, Luxembourg, Finlande, Lituanie, Croatie Irlande) s'étaient dits prêts à y prendre part « de manière active ».
De sources médiatiques, la France et l'Allemagne accepteraient d'accueillir chacune 25% des migrants secourus tandis que l'Italie en accueillerait 10%.
Si l'on sait déjà que seuls les pays volontaires intégreront le nouveau système, et qu'il ne concernera que les migrants arrivant par la mer, plusieurs interrogations subsistent. Il faudra savoir si la sélection entre les personnes éligibles au droit d'asile et les migrants dits « économiques », qui n'ont pas vocation à rester en Europe, sera effectuée dès l'arrivée à terre (comme le souhaite la France) ou dans le pays de destination.
Un autre point à éclaircir est la notion de port sûr « le plus proche », prévue par le droit maritime international. L'Italie plaide pour une « rotation » des ports d'accueil afin de soulager les pays du sud de l'Europe, mais la France se montre réticente à cette solution.
Depuis le début de l'année, seuls 13% des 67 000 migrants irréguliers arrivés en Europe ont débarqué en Italie ou à Malte, contre 57% en Grèce et 29% en Espagne.