Dans une vidéo postée le 22 septembre sur Facebook, le président guinéen parle d’élections présidentielle et législatives, donnant l’impression qu’il veut être candidat à sa propre succession pour un troisième mandat.
« Je vous demande de vous organiser et de vous préparer pour le référendum et les élections », déclare Alpha Condé, 81 ans, dans la vidéo déjà reprise abondamment par les médias guinéens et les réseaux sociaux.
Même si la présidence guinéenne ne s’est encore prononcée sur le sujet, tout porte à croire que le chef de l’Etat envisage de briguer à nouveau la magistrature suprême, alors que la Constitution actuelle l’empêche d’assumer un troisième mandat.
Ancien opposant historique et premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française d’Afrique de l’ouest, Alpha Condé, au pouvoir depuis 2010, achève son second mandat en octobre 2020. En attendant cette date, il a souvent contesté la pertinence de la limitation du nombre de mandats même s’il n’a pas encore lancé une réforme constitutionnelle.
Malgré cela, le chef de l’Etat guinéen avait déjà, notamment en début septembre, mandaté son Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, pour qu’il organise de larges « consultations » portant en particulier sur la loi fondamentale du pays. Ces consultations, qui doivent en principe s’achever ce 25 septembre, sont boycottées par les principaux partis d’opposition.
S’agissant des élections législatives, par exemple, Alpha Condé prône leur tenue avant la fin de 2019. Elles étaient initialement prévues en 2018, mais avaient été reportées sine die. La commission électorale a finalement proposé que ces élections se déroulent le 28 décembre; une date jugée « irréaliste » par les représentants de l’opposition au sein de cette structure .
En avril et mai derniers, plusieurs membres d’un mouvement créé pour s’opposer à un troisième mandat d’Alpha Condé avaient été interpellés lors de manifestations émaillées d’incidents, avant d’être relaxés par la justice.
Conscient du désir d’Alpha Condé de briguer un autre mandat à la tête du pays, le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, n’a pas caché la position de son pays aux autorités guinéennes. Il a singulièrement appelé à une « transition du pouvoir démocratique et honnête en Guinée », impliquant des « institutions plus fortes et moins de corruption ». C’était à l’issue de son entretien avec le président guinéen, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.