La décision a été prise le 24 septembre par un tribunal militaire après avoir jugé Saïd Bouteflika pour « atteinte à l’autorité de l’armée » et « complot contre l’autorité de l’Etat », a-t-on appris.
Le frère du président déchu et d’autres personnes étaient poursuivis pour des réunions tenues dans le but d’étudier une autre option de transition différente de celle proposée par le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, qui demandait publiquement le départ d’Abdelaziz Bouteflika. En tant qu’homme fort du pays, le haut gradé de l’armée avait dénoncé un complot organisé et promis de neutraliser les auteurs, mais certains analystes y voient déjà « un règlement de comptes politique ».
Outre Saïd Bouteflika, l’ex-chef de renseignement, le général « Toufik » et la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, jugés dans la même affaire devant le tribunal militaire de Blida, ont écopé de la même peine.
Le tribunal basé au Sud d’Alger a, par ailleurs, condamné à vingt ans de prison l’ancien ministre de la Défense et ex-chef d’état-major de l’armée, Khaled Nezzar; son fils Lotfi ainsi que Farid Benhamdine, gérant de la Société algérienne de pharmacie. Tous les trois hommes étaient jugés par contumace dans la même affaire.
Quelques heures avant la décision finale, le parquet de Blida avait requis vingt ans de prison pour Saïd Bouteflika et pour les autres prévenus jugés dans ce procès, ouvert le 23 septembre. La presse n’y était pas conviée mais seuls les avocats et les familles des accusés ont eu le droit d’assister aux audiences.
Le procès contre les présumés était tellement attendu après une vague d’arrestations massives dans l’entourage d’Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission par des mouvements de contestation en avril dernier. Pour respecter la procédure, des enquêtes judiciaires avaient été ouvertes sur des faits présumés de corruption visant les intéressés, d’ex-hauts responsables politiques et des hommes d’affaires, accusés d’avoir profité de leurs liens privilégiés avec le régime d’Abdelaziz Bouteflika.
En ce qui concerne particulièrement le frère du président déchu et les deux ex-patrons du renseignement, respectivement le général « Toufik » et Athmane Tartag, ils avaient été incarcérés le 5 mai. La secrétaire générale du Parti des travailleurs avait été placée en détention provisoire quatre jours plus tard.