Du fait des violences perpétrées dans les pays membres de la force conjointe (Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Niger et Tchad), le nombre de morts civiles entre 2012 et 2018 a été multiplié par quatre, selon l’ONU.
Au Burkina Faso, par exemple, la dernière attaque djihadiste date du 28 septembre, causant la mort à dix-sept personnes dans le nord du pays, dont un militaire. D’après des sources sécuritaires, des hommes venus à bord de motos (une vingtaine), le même jour dans la matinée, ont attaqué le village de Komsilga, dans la commune de Zimtanga (province du Bam), tuant neuf personnes parmi les habitants. Les insurgés avaient même incendié des boutiques. Puis, dans la soirée, aux environs de 18h 00, des individus armés ont également attaqué le village de Déneon, toujours dans la commune de Zimtanga, tuant sept personnes.
« Un groupe de militaires a subi une attaque à Déou (province du Soum), et l'un d'eux y a été tué au cours des échanges de tirs », a indiqué une autre source, ajoutant que les dispositifs sécuritaires ont été renforcés et déployés pour des ratissages dans ces zones. Auparavant, plus précisément le 23 septembre, neuf civils avaient été tués dans deux attaques à Pisselé et Boulkiba, deux localités situées de la province du Bam.
A ce jour, rien qu’au Burkina Faso, plus de cinq cent quatre-vingt-cinq personnes ont été tuées depuis 2015, en particulier dans le nord-est. Une crise humanitaire s’en est suivie avec près de trois cent mille déplacés qui ont fui cette partie du pays pour se réfugier plus au sud où la pression djihadiste est moins forte. La situation du pays s’est de plus en plus dégradée du fait des violences intercommunautaires ayant débouché sur la fermeture d’environ deux mille écoles.
Le Mali ne vit pas non plus en paix puisque ses autorités ne parviennent pas toujours à contrer l’action des djihadistes. En témoignent le fait que les attaques terroristes ne diminuent guère dans le pays. Et pas plus longtemps que le 26 septembre, sept soldats maliens ont été tués dans une embuscade imputée aux djihadistes dans le centre. L’attaque survenait alors que la situation sécuritaire continue de se dégrader dans le pays en proie depuis 2012 aux insurrections indépendantistes, salafistes et djihadistes, et aux violences interethniques meurtrières.
La création d’une force internationale s’avère nécessaire
Outre le Burkina Faso et le Mali, des attaques sont commises également dans d’autres pays de la région, ainsi qu’au Cameroun. C’est pourquoi, lors d’une réunion de haut niveau consacrée au Mali et au Sahel, tenue en marge de l’assemblée générale des Nations unies, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’était alarmé de « l’escalade continue de la violence au Sahel et son expansion vers les pays du golfe de Guinée ». « Soyons clairs, nous sommes en train de perdre du terrain face à la violence et au terrorisme », avait-t-il admis.
« Plus de cinq millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, plus de quatre millions ont été déplacées, trois millions d’enfants ne sont pas scolarisés et près de deux millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire », ajoutait le chef de l’ONU.
Pour éviter que les djihadistes étendent leurs attaques aux pays situés plus au sud du Sahel, les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao), réunis à Ouagadougou (Burkina faso) lors d’un sommet extraordinaire sur le sujet à la mi-septembre, avaient décidé d’un plan d’un milliard de dollars sur quatre ans.
En attendant de trouver ces fonds, le président nigérien, Mahamadou Issoufou, président en exercice de la Cédéao, demande la création d’une force internationale pour lutter contre les groupes terroristes au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Ceci pour la simple raison que les résultats du G5 Sahel, la force multinationale qui devait comprendre cinq mille hommes, sont très minces, selon plusieurs analystes.
L’idée de la force régionale, poussée par la France, était de faire monter en puissance les armées régionales pour épauler l’armée française, qui conduit dans la région l’opération Barkhane (quatre mille cinq cents militaires) contre les djihadistes depuis 2014.