La France a adressé, lundi, un ultime adieu à son ancien président, inhumé dans la plus stricte intimité après avoir reçu un hommage solennel en présence de quelque quatre-vingts personnalités étrangères, dont Denis Sassou N'Guesso du Congo et Vladimir Poutine de Russie.
Après un week-end marqué par un flot continu d'anonymes venus signer des livres d'or à l'Elysée ou se recueillir devant la dépouille de Jacques Chirac, décédé le 26 septembre à l'âge de 86 ans, une cérémonie familiale privée s'est tenue aux Invalides, le 30 septembre, en début de matinée en présence de Bernadette Chirac, son épouse, très affaiblie. La cérémonie a été suivie par des honneurs funèbres militaires rendus par le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, puis le cercueil de l'ancien président, porté par la garde républicaine, a quitté la cour au son de la marche funèbre de Chopin pour rejoindre l'église Saint-Sulpice.
Drapé de bleu-blanc-rouge, le cercueil de Jacques Chirac a remonté la nef de l'église parisienne, sous les yeux de près de deux mille invités tandis qu’à l'entrée, la foule massée sur le parvis applaudissait l'entrée du corps dans l'église. Le deuxième plus grand édifice religieux de la capitale française, derrière la cathédrale Notre-Dame, toujours fermée au public après l'incendie qui l'a ravagée le 15 avril, était comble, avec quatre-vingts personnalités étrangères, chefs d'Etat et de gouvernement, anciens dirigeants et membres de familles royales.
Outre le président russe, Vladimir Poutine, ses homologues congolais, Denis Sassou N’Guesso; italien, Sergio Mattarella; géorgien, Salomé Zourabichvili; et les Premiers ministres libanais, Saad Hariri; et hongrois, Viktor Orban; ainsi que le roi Abdallah de Jordanie et l'émir du Qatar, Tamim Bin Hamad Al-Thani, étaient présents à la cérémonie. Notons que le chef d'Etat congolais était accompagné de la première dame, Antoinette Sassou N'Guesso; du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Congolais de l'étranger, Jean-Claude Gakosso; et du ministre des Sports et de l'éducation physique, Hugues Ngouélondélé.
Ont assisté également à la cérémonie les anciens présidents américain Bill Clinton et afghan Hamid Karzaï; l’ancien chancelier allemand, Gerhard Schröder; l’ancien président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero; et l’ancien président sénégalais, Abdou Diouf.
L'Europe était, pour sa part, représentée par le président sortant de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et la Grande-Bretagne par le prince Edward, comte de Wessex, et fils de la reine Elisabeth d'Angleterre. Souffrant, le roi du Maroc, Mohammed VI, avait mandaté son fils, le prince Moulay El Hassan.
Côté français, le service solennel s'est déroulé en présence des anciens présidents François Hollande, Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d'Estaing.
Toute la classe politique française, à quelques exception près, était venue à Saint Sulpice honorer Jacques Chirac, qui fut locataire de l'Elysée pendant douze ans (1995-2007), deux fois Premier ministre et trois fois maire de Paris, avant d’être inhumé dans l’intimité au cimetière du Montparnasse aux côtés de sa fille Laurence, décédée en 2016.
La plupart des quelque quatr-vingts personnalités étrangères - à l'exception notamment de Vladimir Poutine - se sont ensuite retrouvées pour un déjeuner à l'Elysée autour du chef de l'Etat français.
Journée de deuil national en France
Ce lundi a été décrété journée de deuil national en France où une minute de silence a été observée à 15h 00 dans toutes les administrations et écoles de France où les drapeaux ont été mis en berne.
Caméléon de la Ve République, hussard du gaullisme à la personnalité et aux convictions complexes, Jacques Chirac reste comme celui qui s'opposa en 2003 à la guerre en Irak voulue par les Etats-Unis. Au cours de ses deux mandats à l'Elysée, il reconnut, entre autres, la responsabilité de la France dans la déportation des juifs, acta le passage du septennat au quinquennat et prononça sa célèbre phrase - reprise depuis comme un slogan par de nombreux militants du climat - "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs".
Ses détracteurs pointent eux la victoire du "non" au référendum du 29 mai 2005 sur la Constitution européenne, qui précipita la dilution du pouvoir chiraquien, et sa condamnation à deux ans de prison avec sursis dans deux affaires d’emplois fictifs de la mairie de Paris.