Brexit : la proposition de Boris Johnson ne convainc pas Bruxelles

Jeudi, Octobre 3, 2019 - 13:30

Dans le but d’éviter un « no deal », c’est-à-dire une sortie sans accord de l’Union européenne (UE), le 31 octobre, le Premier ministre britannique a présenté, le 2 octobre, son plan de « compromis raisonnable », mais celui-ci a été froidement accueilli par les Européens.

Dans une lettre adressée au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, Boris Johnson, arrivé au pouvoir fin juillet avec la promesse de sortir coûte que coûte son pays de l’UE, a clarifié la position de la Grande-Bretagne sur le sujet. Elle s’appuie notamment sur la frontière irlandaise.

Selon l’offre du chef du gouvernement conservateur, l’Irlande du Nord serait maintenue à terme dans la même zone douanière que le reste du royaume, mais il n’est pas prévu des contrôles douaniers physiques à la frontière entre la province britannique et la République d’Irlande, membre de l’UE, vus comme menaçant les accords de paix de 1998.

Pour Boris Johnson, la solution présentée va rendre à Londres le contrôle « total » sur sa politique commerciale, contrairement au « backstop » ou filet de sécurité du précédent projet d’accord, qui était décrié puis rejeté trois fois par le Parlement. Il prévoyait, à défaut d’une autre solution, le maintien du Royaume-Uni tout entier dans une union douanière avec l’UE.

D’après le Premier ministre britannique, le plan qu’il vient de proposer va régler le casse-tête de la frontière irlandaise, sur lequel butent toujours les négociations du Brexit à moins d’un mois de sa date prévue, soit plus de trois ans après la victoire du « Leave » au référendum.

Réagissant à la proposition faite par le Premier ministre britannique, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a reconnu des « avancées positives ». Il s’agit notamment, selon ses services, de « ce qui concerne l’alignement complet de la réglementation pour toutes les marchandises et le contrôle des marchandises en provenance de Grande-Bretagne qui entrent en Irlande du Nord ».

Malgré cela, Jean-Claude Juncker a, dans un communiqué, « noté qu’il y a encore quelques points problématiques qui nécessiteront du travail supplémentaire dans les prochains jours, notamment en ce qui concerne la gouvernance du backstop (le filet de sécurité pour l’Irlande) ». Pour sa part, a déclaré Boris Johnson: « Nous devons disposer d’une solution juridiquement opérationnelle qui réponde à tous les objectifs du filet de sécurité : empêcher une frontière dure, préserver la coopération nord-sud et l’économie insulaire, et protéger le marché unique de l’UE et la place de l’Irlande dans celui-ci ».

Le parlement européen a également réagi contre le plan du Premier ministre britannique. Le député Guy Verhofstadt, qui préside le groupe chargé du divorce au sein de cette assemblée, a relevé que la « première réaction » de l’hémicycle n’est « pas positive », parce qu’elle n’y voit pas « les garanties nécessaires » pour l’Irlande.

Du côté de Dublin, la perspective du rétablissement d’une frontière entre les deux Irlande, en cas de « no deal », l’inquiète particulièrement. Les autorités irlandaises qui y voient une menace pour la paix en Irlande du Nord, difficilement établie en 1998, après trois décennies de violences entre des républicains nationalistes (catholiques), partisans de la réunification de l’île, et loyalistes unionistes (protestants), défenseurs du maintien dans la Couronne britannique.

En dépit de cette situation, Boris Johnson a averti qu’en cas de rejet de son plan, le Royaume-Uni sortirait de l’UE à la date butoir « quoi qu’il arrive ». Il s’exprimait lors de la clôture du congrès de son parti à Manchester (nord-ouest de l’Angleterre). Le pays est « prêt » à un « no deal », a-t-il assuré.  

 

 

Nestor N'Gampoula
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