Juba a annoncé, le 7 octobre, qu’il renégociait un accord pétrolier avec Khartum, étant incapable d’achever de lui payer d’ici à décembre les trois milliards de dollars qu’il s’est engagé à lui verser en dédommagement après sa sécession en 2011.
Les deux pays avaient signé, en 2012, un accord aux termes duquel Juba s’engageait à payer trois milliards de dollars après avoir accédé à l’indépendance avec 70% des gisements pétroliers, jusque-là exploités par Khartoum.
Selon le ministre sud-soudanais du pétrole, Awou Daniel Chuang, son pays avait versé 2,4 milliards de dollars jusqu’à présent, mais n’était pas en mesure de payer les six cents millions restants d’ici à décembre.
« A l’approche du terme du contrat, nous devrions pouvoir reporter (la date limite), parce que nous ne pouvons pas opérer dans le vide (juridique). C’est cet accord qui régit les dédommagements que nous versons au Soudan », a-t-il dit.
Des pourparlers pour reporter la date butoir débuteront fin octobre et une équipe sud-soudanaise est déjà en train de travailler sur ce dossier à Khartoum, a ajouté le ministre.
La production réduite par la guerre civile
Pour verser au Soudan l’indemnisation prévue, quinze dollars sont prélevés sur chaque baril de brut sud-soudanais, qui est ensuite raffiné au Soudan, a indiqué Awou Daniel Chuang à la presse.
Mais des années de conflit ont réduit la production pétrolière et les paiements ont pris du retard. Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en 2013, lorsque le président Salva Kiir a accusé son ancien vice-président, Riek Machar, de fomenter un coup d’Etat.
Le conflit, marqué par des atrocités et le recours au viol comme arme de guerre, a fait plus de trois cent quatre-vingt mille morts selon une étude récente, et poussé plus de quatre millions de Sud-Soudanais, soit près d’un tiers de la population, à quitter leur foyer.
L’accord de paix conclu en septembre 2018 a entraîné une forte baisse des combats, même s’ils n’ont pas complètement cessé. Il prévoit la formation d’un gouvernement d’union nationale d’ici au 12 novembre.
Depuis la signature de cet accord, la production de brut est passée de cent trente-cinq mille à cent soixante-dix-huit mille barils de brut par jour, contre trois cent cinquante mille au plus fort de la production avant la guerre.