L'assurance a été donnée par le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, tout en soulignant qu'il revenait aux pays membres de décider.
Le franc CFA est la monnaie de quatorze pays d'Afrique de l'ouest et du centre. L’arrimage de cette devise à l’euro a permis aux pays de cette partie de l’Afrique d’avoir une monnaie distincte et une inflation stable sur le continent. Mais les critiques sont vives contre cette zone franc qui prive les pays africains d’une réelle souveraineté monétaire.
Le franc CFA dispose d’une parité fixe avec l’euro - une devise très forte - ce qui pénalise les pays de la zone CFA d'une monnaie trop surévaluée. Le contraire de ce qui se passait quand le franc français connaissait de nombreuses dévaluations.
"Le franc CFA, accroché à l’euro par une parité fixe, est une monnaie qui donne l’impression d’être riche", explique l’ancien ministre togolais du Plan, Kako Nubukpo. "Cela fait baisser le coût des importations, mais plutôt que produire par vous-mêmes, vous avez alors tendance à importer ce que les autres produisent ", precise-t-il.
Etre lié à une monnaie internationale par une parité fixe intéresse principalement les investisseurs étrangers, qui peuvent rapatrier leurs profits, et les classes moyennes urbaines qui bénéficient d’importations à moindre coût. "C’est comme si on avait tranché en faveur des importateurs de champagne aux dépens des exportateurs de coton", affirmait en 1994, un dirigeant du Fonds monétaire international.
C’est la monnaie des élites et des classes moyennes urbaines qui peuvent protéger leur épargne en la plaçant dans la zone euro. Le problème, c’est que 65% de la population est encore rurale et a besoin d’une monnaie en phase avec ses revenus.
En 1994, le gouvernement français de l’époque avait accepté de diviser par deux la valeur du franc CFA. Il en avait résulté une baisse immédiate du pouvoir d’achat des citadins et une relance des productions locales, comme le cacao et le café. Mais le manque de réformes structurelles des économies africaines n’a pas tardé à gommer les effets bénéfiques de la dévaluation.
Les avantages du CFA
Le franc CFA est un atout en matière d’intégration régionale et de stabilité monétaire. Il confère aux pays qui l’ont adopté, grâce à sa parité fixe avec l’euro, une crédibilité internationale que n’ont pas d’autres pays de la région, comme le naira nigérian ou le cedi ghanéen dont les taux de change fluctuent en permanence. Paris s’engage à assurer la convertibilité du franc CFA avec l’euro, en contrepartie du dépôt de 50% des avoirs en devises sur un compte ouvert auprès du Trésor français. Les planches à billets étant sous contrôle de la Banque de France, la zone franc est toujours restée dans les normes européennes : une inflation en dessous des 3% et une dette inférieure à 70% du produit intérieur brut. En revanche, aucun pays de la zone franc n’est en mesure de créer de la monnaie selon ses besoins, ce qui peut ralentir leur économie… ou leur endettement, diront certains.
Certains économistes africains proposent de faire évoluer le franc CFA, en unifiant les deux francs CFA, celui de l’Afrique de l’ouest et celui de l’Afrique centrale, aujourd’hui non convertibles. Ils veulent également l’arrimer non plus à l’euro, mais à un panier de monnaies (euro, dollar, yuan, etc.).
Dans son discours à Dakar de 2012, le président français, François Hollande, proposait aux dirigeants africains de réfléchir à une gestion plus active des réserves de change déposées au Trésor français. Avec des politiques monétaires moins orthodoxes, les pays de la zone franc pourraient espérer combler une partie de leurs déficits de croissance par rapport au pays de l’Afrique anglophone qui, sans monnaie commune, semblent avoir des économies plus performantes.