En séjour à Sotchi pour participer au sommet Russie-Afrique qui s'est achevé le 24 octobre, le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, avait demandé, la veille, à son homologue russe, Vladimir Poutine, d’aider son pays, avec notamment des livraisons d’armes sophistiquées.
« La Russie fournit une aide énorme à la Centrafrique (…). Mais des armes plus lourdes sont nécessaires pour créer des forces efficaces », a souhaité le chef de l’Etat centrafricain. C’était lors d’une rencontre avec le chef du Kremlin, dans le cadre du premier sommet Russie-Afrique qui s'est tenu dans la station balnéaire russe, plus précisément sur les rives de la mer Noire. « Nous croyons que les partenaires russes nous livreront aussi des moyens létaux (...), des véhicules de combat, des mortiers et d’autres pièces d’artillerie nous permettant de faire monter en puissance nos forces de défense et de sécurité », a ajouté Faustin-Archange Touadéra.
Sur place en Centrafrique, les Russes assurent déjà la formation des militaires et des gendarmes de ce pays. Ils l'aident également à moderniser ses forces armées, ce qui a conduit Moscou à livrer récemment une « deuxième tranche d’armes » au pays, en lui permettant de couvrir « tous ses besoins en armes légères », selon le président centrafricain.
L’embargo sur les armes était total en Centrafrique depuis le début d’une guerre civile en 2013, mais en 2017, le pays a bénéficié de quelques exemptions accordées par l’ONU, notamment à la Russie et à la France, pour équiper des unités de l’armée centrafricaine en voie de reconstitution. Ce blocus a été assoupli le 14 septembre dernier lorsque le Conseil de sécurité avait voté à l’unanimité pour autoriser à nouveau la livraison d’armes d’un calibre inférieur ou égal à 14,5 mm aux forces armées centrafricaines.
Le président centrafricain a déploré le fait que les groupes armés actifs dans certaines régions de son pays « reçoivent des armes lourdes illégalement, en contournant l’embargo ». Il a poursuivi: « C’est pourquoi nous ne pouvons pas reprendre le contrôle sur l’ensemble du territoire du pays », en demandant « l’intervention » de la Russie pour que l’embargo de l’ONU soit levé.
Répondant aux préoccupations du chef de l’Etat centrafricain, Vladimir Poutine a qualifié la Centrafrique de « partenaire prometteur ». Outre cela, les deux dirigeants ont évoqué l’enquête en cours sur le meurtre de trois journalistes russes - le reporter de guerre Orkhan Djemal, le documentariste Alexandre Rastorgouïev et le caméraman Kirill Radtchenko - en Centrafrique en juillet 2018, a indiqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Ils ont souligné « l’engagement des deux pays à poursuivre l’enquête afin de trouver les coupables », a-t-il précisé.
Une enquête de MBK Media, une organisation de l’ex-oligarque en exil, Mikhaïl Khodorkovski, indique que les trois journalistes assassinés enquêtaient sur la présence de mercenaires russes en Centrafrique.
Ce pays est ravagé par une guerre civile depuis que la Séléka, une coalition de groupes armés, a renversé le régime du président François Bozizé en 2013. Le 6 février 2019, le gouvernement et quatorze groupes armés ont signé un accord de paix, censé mettre un terme aux combats opposant les rebelles aux forces loyalistes mais aussi entre ces groupes armés rivaux qui contrôlent 70% du territoire.