Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré que son pays devait “tenir sa place” sur le continent face à la concurrence chinoise, et a promis des partenariats “gagnant-gagnant” aux pays africains qui font le choix des entreprises françaises.
"En Afrique nous devons tenir notre place", a-t-il asséné, lors d’un échange avec des chefs d’entreprise à Douala, la capitale économique du Cameroun, en référence aux grands chantiers d’infrastructures. "Parfois on a tendance à oublier que la France a des qualités industrielles et entrepreneuriales dans ce domaine (des infrastructures, Ndlr) depuis longtemps. Ce n’est pas obligatoirement l’apanage d’entreprises plus lointaines, qui ont une appétence respectable pour l’Afrique", a-t-il ajouté, voulant parler de la compétition chinoise.
Pékin a développé une présence massive dans le continent, notamment à travers le projet pharaonique des "nouvelles routes de la soie", qui prévoit de connecter la Chine à l’Asie, l’Europe et l’Afrique à travers la construction des ports, des lignes ferroviaires et des aéroports. Certaines critiques, notamment venues de l’occident, estiment que les pays les plus pauvres sont poussé à s’endetter pour financer des infrastructures inutiles.
"Lorsqu’on fait, on fait aussi gagnant-gagnant pour nos partenaires africains", a insisté le chef de la diplomatie française, également chargé du portefeuille du commerce extérieur, à l’intention des autorités camerounaises.
La France reste le premier investisseur étranger au Cameroun, avec 1,1 milliard d’euros en 2018, mais a perdu sa place de premier fournisseur face à la Chine. Jean-Yves Le Drian s’est rendu sur le pont Wouri, à Douala, un ouvrage de cent soixante-dix-huit millions d’euros, financé par l’Agence française de développement, nouvellement construit. "Il n’y a pas de symbole plus fort qu’un pont (..) dans la relation que nous voulons renforcer avec le Cameroun", a-t-il souligné.
Sa visite dans ce pays avait pour but de renforcer ce partenariat et de soutenir les " efforts de paix " du président camerounais, Paul Biya, qui a multiplié les gestes d’apaisement, ces dernières semaines, dans plusieurs crises, notamment celle des régions anglophones. Le ministre français a proposé l’expertise de son pays pour la définition du futur "statut spécial " des deux régions anglophones du nord-ouest et sud-ouest et annoncé une aide de soixante millions d’euros pour leur "reconstruction", relevant: "Nous allons aider le Cameroun dans le renforcement de l’intégration régionale qu’il souhaite initier" . Il a indiqué avoir plaidé la cause des entreprises françaises, confrontées à de nombreuses "difficultés administratives et fiscales", au Cameroun.
La France est aussi disposée à "construire d’autres ponts, être au rendez-vous des énergies renouvelables (..) renforcer les partenariats publics-privés", a énuméré Jean-Yves Le Drian.