Coopération : Emmanuel Macron exporte le label français en Chine

Lundi, Novembre 4, 2019 - 13:45

Le président français effectue, du 4 au 6 novembre, sa deuxième visite dans le pays avec en ligne de mire le commerce et la culture.

Le chef de l'Etat français a été accueilli par son homologue chinois, Xi Jinping, à la foire des importations, un grand rendez-vous commercial dont la France est l'un des « invités d'honneur » avec soixante-dix entreprises inscrites. « On attend une quarantaine de contrats », indique la présidence française, dans des secteurs traditionnels de la relation franco-chinoise (agroalimentaire, tourisme, santé, aéronautique , de l'espace, etc.).

Le défi est d'élargir cette palette car « l'image de la France en Chine ne correspond pas tout à fait à la réalité », reconnaît Zhu Jing, du ministère chinois des Affaires étrangères. Pour 90% des Chinois, « la France est un pays romantique », réputé pour « la littérature, le vin, le fromage », en oubliant que « c'est aussi un pays avec de grandes capacités industrielles et des entreprises présentes dans le monde entier », selon lui.

Après la méga-commande de trois cents appareils obtenus par Airbus en mars, Paris espère avancer sur le projet d'usine de traitement de combustibles nucléaires usés porté par Orano (ex-Areva), pour lequel « ça s'accélère », selon l'Elysée. En négociation depuis une dizaine d’années, ce contrat est évalué à plus de vingt milliards d'euros au total, dont plus de la moitié pour Orano.

La foire, destinée à montrer que la Chine est un pays ouvert, se tient sur fond de guerre commerciale entre Pékin et Washington, dont l'Europe souhaite éviter de faire les frais.

Un Beaubourg oriental

Mardi, le président français inaugure le « Centre Pompidou West Bund Museum Project », la première antenne du célèbre musée parisien - surnommé Beaubourg - à s'implanter hors d'Europe. D'une superficie de 2 100 m2, l'institution culturelle, conçue par l'architecte britannique, David Chipperfield, vient enrichir le « corridor artistique » qui s'étend le long de la rivière traversant Shanghaï où seront exposées des oeuvres prêtées par Beaubourg.

A cette occasion, le président Macron déjeunera avec des artistes chinois, dont certains travaillent en France. Il sera, en outre, accompagné par l'acteur français, Guillaume Canet, qui réalisera le prochain film des aventures d'Astérix, "Astérix & Obélix, l'Empire du milieu", où le célèbre Gaulois se frottera à la culture chinoise.

Emmanuel Macron passera plusieurs heures avec le président chinois, qu'il rencontrera pour la sixième fois en près de trois ans. « Xi Jinping attache une importance particulière à cette visite » qui est « une nouvelle étape dans la relation bilatérale », explique Zhu Jing.

Xi Jinping recevra, mercredi, son hôte à Pékin pour des entretiens plus formels, notamment pour pousser « un agenda euro-chinois » pour le climat et la biodiversité.

Echanges « sans tabou »

Les deux chefs d'Etat devraient également discuter des crises internationales, comme le nucléaire iranien, quelques jours avant l'expiration de l'ultimatum adressé par Téhéran à ses partenaires de l'accord pour l'aider à contourner les sanctions américaines.

L'Elysée affirme que le chef de l'Etat français devrait aussi aborder « sans tabou », « dans un cadre respectueux et franc », les questions sensibles des droits de l'Homme, de la situation à Hong Kong et au Xinjiang, des accusations de cyber-attaques.

« Sur les droits de l'Homme, il y a un dialogue régulier entre la Chine et la France. Son rôle est d'avoir des échanges constructifs, pas de se critiquer mutuellement », prévient Zhu Jing, en soulignant que « Hong Kong et le Xinjiang relèvent des affaires intérieures de la Chine ».

Une balance commerciale déficitaire

La Chine est le septième client de la France et son deuxième fournisseur. Les exportations tricolores vers ce pays ont progressé de 11% l'an dernier et représenté vingt-et-un milliards d'euros, portées principalement par l'aéronautique et une forte hausse des commandes de produits cosmétiques (+21%) et pharmaceutiques (+4%), selon les douanes françaises.

L'aéronautique représente 40% des exportations vers la Chine. Mais hors aéronautique, le bilan est plus mitigé pour les produits français, en particulier ceux de l'agroalimentaire, qui ont vu l'an dernier leurs exportations en Chine reculer: vins et spiritueux (-17%), produits laitiers (-15%) et viandes (-12%).

De son côté, la France achète essentiellement à la Chine des biens de consommation (informatique, électronique, habillement, chaussures). Les exportations chinoises vers la France se sont élevées à 49,9 milliards d'euros en 2018 (+1,5%).

Le déficit français s'inscrit ainsi aux alentours de trente milliards par an. Pékin, dont les douanes suivent une méthodologie différente, assure en revanche avoir une balance commerciale déficitaire avec la France.

Selon le ministère chinois du Commerce, l'empire du Milieu a exporté en 2019 pour 27,4 milliards d'euros de produits vers la France (+10,9% sur un an). Toujours selon Pékin, les importations de produits français se chiffreraient à 28,83 milliards d'euros (+20,2% sur un an).

Cependant, Paris cherche à obtenir pour ses banques une « licence senior » pour le marché chinois. Cela signifie qu'elles pourraient émettre des obligations pour des entités chinoises et non plus seulement pour des clients étrangers en Chine. Une coopération entre les deux pays est, par ailleurs, en discussion pour les énergies nouvelles, les véhicules autonomes et l'intelligence artificielle.

Josiane Mambou Loukoula et AFP
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