Washington a formellement notifié les Nations unies de son intention de se retirer du texte, décidée depuis 2017 par le président américain, Donald Trump, a annoncé, le 4 novembre, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo.
« Aujourd’hui, les Etats-Unis entament le processus de retrait de l’accord de Paris. Conformément aux termes de l’accord, les Etats-Unis ont soumis une notification formelle de leur retrait aux Nations unies. Le retrait sera effectif un an après la notification », a indiqué le secrétaire d’Etat dans un communiqué. Il a de nouveau invoqué « le fardeau économique injuste imposé aux travailleurs, entreprises et contribuables américains par les engagements pris par les Etats-Unis dans le cadre de l’accord ».
Pour Washington, la raison du retrait officialisé est donc qu’il considère l’accord injuste pour lui, bien que la philosophie du texte soit que les pays fixent librement leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Barack Obama, le prédécesseur de l’actuel président américain, était, d’ailleurs, moins ambitieux que d’autres chefs d’Etat à ce sujet.
Mike Pompeo a préenté, en outre, son pays comme un bon élève de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, et promis que les autorités américaines continueraient de « proposer un modèle réaliste et pragmatique dans les discussions internationales sur le climat ». Il a précisé:« Nous continuerons de travailler avec nos partenaires internationaux pour renforcer la résilience face aux conséquences du changement climatique », ajoutant : « Comme par le passé, les Etats-Unis continueront de promouvoir la recherche, l’innovation et leur croissance économique tout en réduisant les émissions et en tendant la main à nos amis et partenaires à travers le monde ».
L’annonce de l’officialisation du retrait des Etats-Unis est faite maintenant parce que cette étape-clé ne pouvait intervenir plus tôt en raison d’une clause inscrite dans l’accord. En effet, selon le texte négocié fin 2015 par Barack Obama, aucun pays ne pouvait sortir avant le troisième anniversaire de son entrée en vigueur, le 4 novembre 2016. En outre, le délai d’un an doit être observé pour repousser la sortie effective au lendemain de la prochaine élection présidentielle américaine, dans laquelle Donald Trump brigue un nouveau mandat. Cela revient à dire que les délégations américaines vont encore participer aux grands sommets climatiques de l’ONU, à commencer par la « COP » de décembre, en Espagne, selon le département d’Etat.
Si les conservateurs américains ont salué l’annonce du retrait de leur pays, la présidente de la chambre basse du Congrès, Nancy Pelosi, y a plutôt vu « une nouvelle décision antiscience (...) qui vend l’avenir de notre planète et de nos enfants ».
Réagissant à ce retrait, la France a de son côté dit « regretter » cette décision américaine, ajoutant qu’elle était toutefois « attendue ». Quant au président du World Resources Institute, Andrew Steer, il a dit l’avoir mal accueillie : « Elle est mue par une vision obsolète datant du siècle précédent, quand on croyait que l’action climatique était coûteuse et détruirait des emplois ».
Le 1er juin 2017, le président américain avait déclaré : « L’heure est venue de quitter l’accord de Paris ». Son pays est le seul Etat à se désengager de ce texte signé par cent quatre-vingt-dix-sept pays, dont la Corée du Nord. Malgré cela, les Américains continuaient d'occuper leur siège dans des rencontres internationales sur le climat, pour influencer les discussions techniques autour de l’application concrète de l’accord, dans le cas où, un jour, leur pays pourrait le réintégrer.