En dépit de quelques avancées enregistrées, la situation politique, sécuritaire et humanitaire dans le pays le plus jeune du monde mérite une attention soutenue de la communauté internationale aux fins de son relèvement.
La mission d’information parlementaire du Forum des parlements des pays membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (FP-Cirgl), qui a séjourné du 30 octobre au 2 novembre à Juba, capitale du Soudan du Sud, a appelé à la sagesse du président de la République, Salva Kiir Mayardit.
Conduite par le président de l’Assemblée nationale du Congo, Isidore Mvouba, président en exercice du FP-Cirgl, cette délégation a invité toutes les parties au sursaut patriotique afin de préserver les acquis de paix et de sécurité obtenus au profit de la tranquillité des esprits de la population engluée dans des conflits fratricides depuis plusieurs années. En effet, dans la capitale sud-soudanaise, la mission du FP-Cirgl, qui a eu des entretiens avec plusieurs parties prenantes au processus de paix, a été reçue en audience par le président de la République, Salva Kiir. « Le président de la République du Soudan du Sud nous a fait le point de la situation telle qu’elle se présente sur le terrain, au plan sécuritaire, politique et humanitaire. Nous pouvons dire que de façon générale, la situation est globalement positive, même si l’on note quelques points de frictions s’agissant de la formation du gouvernement d’union nationale de transition à la date du 12 novembre 2019 », a souligné le chef de la délégation, Isidore Mvouba, au sortir de cette audience.
Cette mission, composée des parlementaires congolais et ougandais, a noté qu’il règne dans la ville de Juba un calme général, la population vaque librement à ses occupations et les services publics fonctionnent normalement. Elle a, en outre, constaté que les inondations survenues dans le pays du fait des pluies torrentielles de ces derniers mois sont la cause de nombreux dégâts (perte de récoltes agricoles et d’habitations) qui ont également eu des répercussions négatives sur le respect des engagements pris dans le cadre de l’accord de paix revitalisé.
Des recommandations pour sortir de la crise
Soucieuse de la situation que traverse ce jeune Etat depuis quelques années, la mission a recommandé à toutes les parties signataires ou non de l’accord de paix revitalisé d’en respecter les dispositions tout en instaurant un climat de confiance mutuelle, laquelle est essentielle à l’atteinte du consensus politique nécessaire au règlement des questions d’intérêt général. Les différentes parties prenantes au processus de paix ont été invitées à privilégier le dialogue en tout temps et à travailler pour la stabilité, la paix et le renforcement de l’unité nationale. Au regard des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de l’accord de paix revitalisé et des défis à relever, le FP-Cirgl, comme pour relayer le cri de détresse des autorités sud-soudanaises, a lancé un appel à la communauté internationale pour une plus grande mobilisation des ressources financières, soit près de deux cent quatre-vingt-six millions de dollars nécessaires à la mise en œuvre des mesures de l’accord de paix revitalisé. A ce titre, la mission du FP-Cirgl encourage le parlement de la République du Soudan du Sud à jouer un rôle de creuset dans le processus de paix et de réconciliation nationale.
Le FP-Cirgl entend, pour sa part, mener son action d’appui à la résolution du conflit sud-soudanais et formuler des recommandations destinées au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres afin que ces derniers puissent décider et agir en conséquence. La communauté régionale et internationale se doit d’organiser de nouvelles rencontres pour une ultime médiation entre les antagonistes afin de concilier les positions des parties s’agissant des facteurs bloquant qui ralentissent la mise en œuvre de l’accord de paix revitalisé, parmi lesquels : la formation d’une armée unifiée composée des ex-rebelles et des forces de l’armée gouvernementale; le règlement du nombre d’Etats fédérés ainsi que la délimitation de leurs frontières.
Un plaidoyer sollicité pour la levée de l'embargo sur les armes
Les autorités gouvernementales sud-soudanaises demandent aux pays membres de la Cirgl de plaider pour la levée des mesures relatives aux sanctions sur les armes et à la communauté internationale de veiller à ce que toutes les parties signataires de l’accord de paix revitalisé en respectent les clauses. « Nous apprenons, aux dernières nouvelles, que le vice-président Riek Machar pense qu’il faut un délai supplémentaire de quatre mois… Nous avons donc demandé au président Salva Kiir qui est un homme de sagesse de trouver la solution qui convient à la situation actuelle, en privilégiant le dialogue », a poursuivi Isidore Mvouba.
Voulant s’assurer du caractère inclusif du processus de paix au Soudan du Sud, la mission a, entre autres, échangé avec le ministre de l’Intérieur, le vice-ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, le président de l’Assemblée législative nationale, le chef de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss), le représentant spécial du Commissaire de l’Union africaine (UA), les membres de la Commission de Suivi et évaluation reconstituée. Elle a au passage salué tous les efforts accomplis par l’Autorité intergouvernementale pour le développement ainsi que la Minuss et l’UA, au plan sécuritaire et humanitaire.
A l’occasion de la dixième session ordinaire de l’Assemblée plénière, le FP-Cirgl examinera l’évolution récente de la situation politique, sécuritaire et humanitaire au Soudan du Sud et prendra des résolutions pour faire écho à cette mission d’information parlementaire. « Nous voulons que le peuple soudanais, ce peuple combatif, que nous admirons et soutenons, retrouve une paix pérenne », a dit Isidore Mvouba.
Notons que le président Salva Kiir et les membres de son gouvernement ont salué le leadership du chef de l’Etat congolais, Denis Sassou N’Guesso, président en exercice de la Cirgl, dans la lutte contre la maladie à virus Ebola.