Une nouvelle opération d'évacuation de migrants, la cinquante-neuvième depuis l'été 2015, a été lancée, le 7 novembre, dans la capitale française, afin de démanteler deux campements insalubres regroupant plus de mille six cents individus, dans un contexte de durcissement de la politique migratoire de la France.
Depuis le 6 novembre, la France a instauré des quotas pour mieux réguler son immigration; une immigration choisie pour la main-d’œuvre dont elle a besoin. C’est la fin d’un tabou visant à atteindre des objectifs chiffrés pour l’immigration économique.
Dans ce contexte, le 7 novembre, au lendemain de l’annonce de l’exécutif, près de six cents policiers ont délogé les migrants, qui vivaient sous des tentes de fortune près du périphérique parisien, pour les emmener vers des bus qui doivent les conduire dans des gymnases ou des centres d'accueil, a constaté un journaliste de l'AFP.
Awa, Ivoirienne de 32 ans, dormait dans une tente depuis son arrivée en France, il y a un an. Dans la file d'attente sous un embranchement du périphérique pour monter dans un bus, elle explique qu'on est venu la voir à 3h 00 du matin pour lui proposer cette mise à l'abri.
"Je ne sais pas où je vais, mais ça me fait plaisir d'y aller, parce que j'aurai un toit ce soir", a-t-elle dit à l'AFP en emportant juste un sac à dos avec elle.
Cette vaste opération intervient au moment où le gouvernement a annoncé un durcissement de la politique migratoire, avec l'instauration de quotas et la limitation des remboursements de soins médicaux.
Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, avait de plus assuré mercredi, lors de ces annonces, que les campements du nord-est parisien allaient être évacués "d'ici à la fin de l'année".
Sur les quelque mille cinq cents à trois mille exilés qui vivent dans des tentes à portée des pots d'échappement du périphérique et de l'autoroute, moins de la moitié, soit six cents à mille deux cents personnes, devait être évacuée. L'autre partie, qui se trouve dans un camp voisin, doit faire l'objet d'une prochaine opération similaire.
"Jusque-là, on avait des opérations de mise à l'abri de deux cents, trois cents personnes, mais on ne vidait jamais les campements et ils revenaient. Avec cette opération, on a un objectif de zéro retour", explique-t-on à la préfecture de police (PP).
Les campements prenaient "trop d'ampleur" et une "délinquance" s'y installait, selon la PP, qui en veut pour preuve les deux cent treize atteintes aux personnes répertoriées dans le secteur début 2019. Sans compter les "rixes entre migrants".
"Chaque fois on nous a dit ça ne se reproduira plus", souligne la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, présente également, rappelant qu'il s'agit de la cinquante-neuvième mise à l'abri depuis l'été 2015. "Il est clair pour que cela ne se reproduise plus, il faut un dispositif d'accueil adapté et digne", réclame-t-elle.
Les associations de défense des migrants craignent, elles, que l'opération ne se transforme en vaste coup de filet avec des placements en détention.
Les mises à l'abri se feront sur la base du "volontariat", insiste à l'inverse la préfecture de région. Les examens des situations administratives se feront dans un second temps, mais l'accueil reste "inconditionnel", souligne-t-on.
Pour éviter que des camps ne se reforment, des forces mobiles doivent "tourner 24 heures sur 24 sur place" et un "dispositif de vidéo-patrouilles" est prévu.