Une rencontre sur le thème «Agriculture et atténuation du changement climatique» a eu lieu, le 5 novembre à la Chambre de commerce de Pointe-Noire, pour sensibiliser particulièrement les néoruraux ou agriculteurs allogènes aux impacts de leurs activités sur la nature.
La sensibilisation entrait dans le cadre du Mardi de l’entreprise, espace d’échange mis en place par l’Association Pointe-Noire industrielle (APNI). Le thème retenu a été développé à travers trois sous-thèmes portant sur les causes, conséquences et mesures d’atténuation des changements climatiques par Julien Guy Kazotti, chef de service études et projets de la Société nationale de reboisement; l’impact des neoruraux sur les espaces de forêts au Kouilou par Nelly Comte, coordinatrice du Centre d’échange et de ressources pour la promotion des actions communautaires ; et les effets du changement climatique sur la population rurale et pauvre et les expériences du CRDPI sur l’approche pour atténuer le changement climatique par Patrick Missamba-Lola, chef d’unité de recherches gestion sociale et environnementale du Centre de recherche sur la durabilité et la productivité des plantations industrielles (CRDPI).
Ces présentations ont eu comme objectif de sensibiliser les agriculteurs en général et les neoruraux en particulier aux problèmes liés au changement climatique et à l’impact de leurs activités sur l’environnement. Il ressort des exposés que les néoruraux, encore appelés agriculteurs allogènes, personnes sans compétences en agriculture venant des villes, apportent leurs capacités financières pour occuper des terres qui sont cultivées de façon anarchique. Certains le font par ignorance, a expliqué Nelly Comte. «Nous nous sommes rendus compte qu’il y a certains producteurs qui ne sont pas informés des conséquences de leurs mauvaises pratiques sur la biodiversité. Les gens dégradent l’environnement par ignorance et cela a des conséquences néfastes sur la nature », a-t-elle déploré.
En effet, les néoruraux font recours aux villageois sans expérience en agriculture pour leurs activités. Contrairement aux autochtones et aux paysans qui exercent leur activités en respectant l'environnement, ces villageois utilisent des mauvaises techniques (agriculture itinérante sur brulis et autres) qui engendrent des dégâts sur la nature. Ceux-ci se livrent notamment à l’abattage sauvage des arbres (utilisés comme bois de chauffe et servant souvent à la fabrication du charbon de bois) et à la déforestation des grands espaces destinés aux exploitations agricoles. Ce qui occasionne les émissions de gaz à effet de serre, à l’origine du changement climatique.
«Les dégâts que peut causer l’activité agricole sur l’environnement ne dépendent pas de la production mais des techniques utilisées. L’important ce n’est pas de cultiver dans des grands espaces, mais d’utiliser les bonnes techniques. Les arbres nous en avons besoin. On n’exploite pas les forêts comme si on était dans une savane», a indiqué Nelly Comte, citant l’exemple de la montée après le village Mpilikondji, dans le Kouilou, dont la forêt a été dévastée. «Les forêts du Kouilou sont déjà dans un état alarmant, la forêt est en train de se dégrader», a lancé, de son côté, Patrick Missamba-Lola.
Le danger étant présent, la sensibilisation s’avère donc nécessaire pour une prise de conscience. Des initiatives visant la préservation des forêts doivent être encouragées pour permettre à la population rurale et pauvre, la plus touchée par les impacts du changement climatique, d’être plus outillée pour lutter contre le phénomène. De ce fait, les participants à la rencontre ont été instruits sur les mesures d’atténuation de ce phénomène. Ils ont été invités à abandonner les mauvaises techniques agricoles en adoptant les bonnes. Les conférenciers ont conseillé la sédentarisation, la gestion rationnelle des forêts et des exploitations agricoles pour éviter les émissions de gaz à effet de serre.
L’agriculture, ont-ils dit, doit être adaptée au changement climatique pour assurer sa durabilité dans l’avenir. Il a été aussi conseillé le reboisement, l’adoption de l’agroforesterie comme mode de gestion de l’espace agricole, le boisement des savanes, la réduction de la consommation en bois de chauffe…
Comme l’a indiqué Nelly Comte, les ressources naturelles ne sont pas inépuisables et demandent à être préservées pour les générations futures.