Une période de cent jours a été accordée à Salva Kiir et Riek Machar, à partir du 12 novembre, pour la mise en place d’un gouvernement de transition et éviter que leur pays ne replonge dans un conflit à grande échelle.
La procédure a pour objectif également de régler les blocages concernant la sécurité et le découpage fédéral du pays. Les parties « se sont accordées pour étendre la période de pré-transition de cent jours à compter du 12 novembre 2019 », selon le communiqué final de la dernière rencontre.
Outre Salva Kiir et Riek Machar, étaient également présents à la réunion tenue près de Kampala, le président ougandais, Yoweri Museveni; le général Abdel Fattah Al-Burhane, chef du Conseil souverain soudanais; et le représentant spécial du Kenya pour le Soudan du Sud, Kalonzo Musyoka.
La formation du gouvernement de transition était initialement prévue en mai, mais elle avait déjà été repoussée en raison de désaccords sur des questions cruciales qui, à ce jour, n’ont toujours pas été résolues, comme la formation d’une armée unifiée et les frontières des Etats régionaux au sein du Soudan du Sud.
Devant le peu de progrès accomplis sur le terrain, notamment en matière de cantonnement des combattants, les pays de la région ont visiblement estimé préférable de ne pas forcer les choses et d’accorder un délai supplémentaire. « Il était vraiment impossible de faire parvenir les deux protagonistes à un accord en cinq jours. Nous leur avons donné trois mois et nous continuerons de nous engager dans le processus de paix », a explicité, d’ailleurs, le ministre ougandais des Affaires étrangères.
Washington exacerbé
S’agissant des Etats-Unis, un soutien de poids du Soudan du Sud, le pays a déjà exprimé son exaspération liée à ce délai supplémentaire, en menaçant de « revoir leur relation » avec le gouvernement sud-soudanais. « Leur incapacité à respecter leur propre calendrier fait douter de leur aptitude à continuer à mener le processus de paix », a indiqué le secrétaire d’Etat américain adjoint chargé de l’Afrique, Tibor Nagy, à propos de Salva Kiir et Riek Machar.
En plus des cent jours supplémentaires, les parties sont convenues de faire un point de la situation au bout de cinquante jours (à compter du 12 novembre), mais également de se pencher sur « le statut » de Riek Machar, qui vit actuellement en exil à Khartoum et dont les mouvements sont limités.
Salva Kiir et Riek Machar avaient surmonté la profonde défiance qui les oppose et cédé à la forte pression de la communauté internationale pour signer, en septembre 2018, à Addis-Abeba, un nouvel accord de paix accompagné d’un cessez-le-feu qui a été globalement bien respecté. Mais plusieurs points-clés de cet accord de paix n’ont pas enregistré de progrès tangibles, faisant peser le risque d’un échec de l’accord et d’une reprise des combats à grande échelle dans ce pays en proie à une guerre civile depuis 2013.
Aux termes de l’accord d’Addis-Abeba, les combattants de toutes les parties doivent être entraînés et déployés au sein d’une armée unifiée de quatre-vingt-trois mille hommes, un processus qui a été entravé par les retards et le manque de financement.
Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en 2013, deux ans après son indépendance du Soudan, lorsque Salva Kiir, un Dinka, a accusé Riek Machar, alors son vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’Etat. Le conflit a fait plus de trois cent quatre-vingt mille morts et poussé plus de quatre millions de Sud-Soudanais à fuir leur foyer.